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Belley et Fuller sur les contrats
Olivier Charbonneau 2010-04-03
Dans son texte, Belley explore certains modèles d’inter-normativité en étudiant le cas précis de l’aluminerie ALCAN (maintenant Rio Tinto Alcan) au Saguenay. De par sa taille et donc son influence, cette firme exerce un poids structurant considérable dans l’économie locale. Ce contexte nourrit un rapport de force qui se voit articulé dans certains véhicules juridiques.
Dans un premier temps, l’État québécois a établit un cadre d’entente avec Alcan (un contrat en fait), où curieusement, est précisé l’intention d’adhérer aux règles de droit de l’État. Ensuite, l’entreprise dispose de plusieurs contrats avec ses grands fournisseurs. Puis, les relations contractuelles avec ses petits fournisseurs sont empreints de coopération. Finalement, les relations internes et externes de cette entreprises (conventions collectives, etc.) offrent une autre source de normativité. Il s’agit d’une exploration des connexions entre les ordres juridiques dans un contexte pluraliste.
En fait, Belley offre une exploration théorique de l’utilisation des contrats en recherche juridique (surtout aux pages 362-364 de l’original, p. 22-23 du 2e tome du recueil). Entre autres, il cite les travaux de L.L. Fuller, un détracteur du positivisme de Hart qui a beaucoup inspiré le chercheur contemporain Ron MacDonald de l’Université McGill. Fuller semble avoir également inspiré Belley dans l’établissement de son cadre d’analyse (p. 363 de l’original, p.22 tome 2 recueil) :
Le juriste américain Lon Fuller considérait que les formalités qui accompagnaient le processus contractuel peuvent remplir trois fonctions distinctes [citation vers Fuller, voir ci-bas]. Une première fonction est probatoire : la forme donnée à l’accord des volontés atteste de l’existence et de la teneur du contrat aux yeux des parties et des tiers. Une seconde fonction est assurantielle : le formalisme contractuel vise à prévenir les actions irréfléchies des parties en clarifiant les engagements et en augmentant la garantie de leur respect par la mise en évidence des sanctions qui seront appliquées en cas d’inexécution. Une troisième fonction est opérationnelle : la formalisation de l’entente sert à inscrire le projet matériel des parties dans la catégorie formelle appropriée du droit officiel ou d’un autre ordre normatif.
Ceci dit, Belley introduit la fonction «d’harmonisation normative» à la trilogie de Fuller. Il poursuit :
Considérée dans la seule perspective de la coordination immédiate entre les deux parties, l’harmonisation normative se conçoit assez facilement comme un moyen d’intensifier les fonctions probatoires, assurantielles et opérationnelles. L’explicitation formelle des normes de l’échange fait non seulement preuve d’un contrat, mais aussi du contenu normatif particulier qu’on a voulu lui donner. Dans la mesure où elle se réfère et se conforme aux normes d’un ordre juridique tiers, elle donne aussi l’assurance de pouvoir appeler cet ordre en garantie de l’exécution forcée du contrat. Enfin, dans un contexte où les activités de production et d’échange obéissent de plus en plus à des normes techniques spéciales et mettent en présence des organisations fonctionnant sur la base de leurs propres normes internes, l’harmonisation expresse de ces normes devient un facteur très important de la planification opérationnelle.
Belley distingue la fonction d’harmonisation aux autres fonctions du formalisme contractuel retenu par les agents participants à l’entreprise du contrat:
L’explicitation des normes fournit alors aux parties [p. 364] l’occasion de manifester leur volonté d’appartenance à une entité tierce, d’harmoniser les normes de leur contrat avec celles d’une matrice sociale qu’elles veulent reconnaître ou promouvoir, de témoigner expressément d’une politique extérieure que les deux ordres juridiques souhaitent établir dans un contexte de pluralisme juridique.
C’est pourquoi Belley divise cette section de son texte selon ces trois axes «Le contrat comme instrument d’harmonisation avec un ordre juridique tiers» (p. 364-369), «Le contrat comme instrument de coopération entre deux ordres juridiques indépendants» (p. 369-374) et «Le contrat comme instrument de coopération entre des ordres juridiques internes à un ordre juridique complexe» (p. 374-380).
Il conclue son texte sur le thème de l’analyse systémique, en citant Teubner et certains autres. Il conclut en ces termes (p. 391 de l’original, p. 36 du tome 2 recueil) :
Le contrat est un vecteur privilégié du pluralisme juridique parce qu’il se prête mieux que la loi à la conciliation dynamique des stratégies multiples et à la redéfinition constante des alliances. Il relève foncièrement de cette logique du métissage cognitif et normatif qui domine la sphère de l’action intersystémique où se rencontrent, au-delà de leurs domaines respectifs d’autorité, des pouvoirs forcés de concilier leurs lois.
BIBLIOGRAPHIE
Jean-Guy BELLEY, «Le contrat comme vecteur du pluralisme juridique», dans Philippe GÉRARD, François OST et Michel Van de KERCHOVE (dir.), Droit négocié, droit imposé?, Bruxelles, Publications des Facultés universitaires Saint-Louis, 1996, p. 353-391
L.L. FULLER, «Consideration and Form», Columbia Law Review, vol 41, 1941, p. 799-824
Autres textes cités dans la dernière section du texte de Belley:
A.I. OGUS, «Law and Spontaneous Order : Hayek’s Contributions to Legal Theory», Journal of Law and Society, vol 16 no. 4, 1989, p. 393-409
TEUBNER, Droit et Réflexivité. L’auto-référence en droit et dans l’organisation, [trad. par Boucquey et Maier], Diegem-Paris, E. Story Scientia-L.G.D.J., 1994
TEUBNER, Le droit, un système autopoïétique, [trad. par Boucquey et Maier], Paris, PUF, 1993
TEUBNER, «The Two Faces of Janus : Rethinking Legal Pluralism», Cardozo Law Review, vol. 13, no. 5, 1992, p. 1443-1462
Canada Commerce et Compagnies Document numérique Droit d'auteur Exceptions au droit d'auteur Institutions LLD Utilisation équitable
Tension entre contrats et utilisation équitable
Olivier Charbonneau 2010-03-30
Une tension existe entre les contrats et l’utilisation équitable à la fois du point de vue institutionnel et commercial. Dans le premier cas, les revendications concernant l’articulation de l’utilisation équitable peuvent sembler signaler une volonté de porter préjudice au marché commercial d’une œuvre. Dans le second cas, l’imposition de limites à l’utilisation équitable par des contrats d’accès à l’information numérique pose un problème quant à la réalisation des missions institutionnelles ainsi qu’aux moyens de négociations offerts aux milieux patrimoniaux. Explorons brièvement chacun de ces points, afin de déterminer une conclusion (nous l’espérons) qui saura satisfaisante pour tous.
L’utilisation équitable et le marché
Certains pourraient prétendre que la lettre ouverte envoyée récemment au Ministre du patrimoine Canadien, l’honorable James Moore, vise à porter préjudice à l’exploitation commerciale des marchés. Cette interprétation n’est pas conforme avec l’objectif de l’utilisation équitable, telle que définie dans la lettre.
En fait, il est vrai que cette lettre demande une «ouverture» de la définition de l’utilisation équitable, à des fins qui ne sont pas uniquement énumérés dans la loi (actuellement, la Loi sur le droit d’auteur stipule cinq usages équitable: la recherche, l’étude privée, le compte rendu, la critique et la communication de nouvelles). Par contre, cette «ouverture» est nécessairement balisée et limitée par six facteurs d’analyse, tels qu’édictés à l’unanimité par les juges de Cour suprême du Canada dans l’arrêt CCH en 2004 :
(para 53 et suivants) (1) le but de l’utilisation; (2) la nature de l’utilisation; (3) l’ampleur de l’utilisation; (4) les solutions de rechange à l’utilisation; (5) la nature de l’œuvre; (6) l’effet de l’utilisation sur l’œuvre. Bien que ces facteurs ne soient pas pertinents dans tous les cas, ils offrent un cadre d’analyse utile pour statuer sur le caractère équitable d’une utilisation dans des affaires ultérieures.
Donc, présenter la position présentée dans la lettre comme une «ouverture» de l’utilisation équitable porte préjudice à la subtilité de la position. Cette «ouverture» est immédiatement «fermée» par des balises et des contraintes assez lourdes. Il est essentiel (à nos yeux) de demander à la fois ladite «ouverture» et de s’imposer des «balises» corrélatives, qui «ferment» la boucle, afin d’assurer l’équité dans le régime du droit d’auteur.
Paradoxalement, il est important de préciser que l’utilisation équitable se porte au profit des créateurs avant tout ! Par exemple, la parodie n’est pas couverte actuellement en droit canadien, l’approche «ouverture/balise» offre un mécanisme juridique simple pour régler ce silence de la loi.
Par ailleurs, il est primordial de comprendre que tous les créateurs sont avant tout des consommateurs, tandis que l’inverse n’est pas nécessairement vrai. Une auteure lit, un cinéaste regarde et une musicienne écoute avant de créer. La culture nourrit la culture. L’utilisation équitable est un moyen de préparer des nouvelles recettes, sans tomber dans les plats. L’utilisation équitable sert les créateurs.
L’utilisation est donc un moyen nécessaire pour la flexibilité de la loi et la lettre propose une approche en lien avec l’équité et la balance des intérêts. En plus, elle sert la création. Le milieu commercial doit au moins apprécier cet argument, qui sera à leur bénéfice par ailleurs.
Contrats d’accès numériques et utilisation équitable
Avant l’arrivée de l’environnement numérique, l’utilisation de matériel protéger par le droit d’auteur s’opérait (et s’opère toujours en fait) dans un cadre extra-contractuel. Quand j’achète et je lis un roman (sur papier), le seul contrat auquel je participe est le contrat de vente avec le libraire. Il n’y a pas de transfert ou de licences sur les droits d’auteurs. C’est pourquoi la doctrine de la première vente fut édictée par le milieu, elle précise qu’une présomption d’avoir les droits nécessaires pour utiliser raisonnablement le livre (pour le revendre, le donner, le détruire…) existe au profit de l’acquéreur légitime.
Dans le monde numérique, tout accès se base sur un contrat. Le fait de lire ces ligne sur CultureLibre.ca, vous êtes assujettis au contrat d’utilisation Creative Commons, que vous soyez d’accord ou non. La tendance lourde de l’industrie consiste à proposer des contrats d’utilisation pour toutes les formes d’accès à l’information numérique. La règle d’utilisation devient donc fragmentée.
Il s’agit d’une réalité de l’environnement numérique, qui est ni bonne, ni mauvaise. Cet analyse dépend de votre point de vue (on pourrait dire que le papier est un vecteur de la Culture Libre car il existe encore une présomption d’utilisation ouverte… mais ça, c’est un sujet pour autre billet). Le point est que nous devons maintenant composer avec cette réalité.
Une question qui nous tracasse depuis que nous comprenons la distinction en droit civil entre un droit d’ordre public (un article de la loi qui ne peut être ignoré) et un droit supplétif de volonté (un article de loi qui peut être neutralisé par un contrat). Est-ce que l’utilisation équitable constitue un droit dit d’ordre public? (en fait, il n’est pas certain que cette question s’applique à une loi fédérale à cause des caractéristiques de la common law de cet ordre judiciaire – mais la question théorique demeure).
Un titulaire pourrait être tenté d’éliminer tout risque de recours à l’utilisation équitable par un utilisateur de contenu en articulant des dispositions contractuelles en ce sens. Dans un contrat d’adhésion (sans négociation possible, comme dans presque tous les contrats d’utilisation où nous devons donner notre consentement sans même comprendre les contrats), cette approche constitue une utilisation inacceptable du droit exclusif réservé au titulaire et élèverait sa position de monopole économique au delà de l’équité. Il est important de ne pas contraindre l’utilisation équitable par les contrats.
Quelle est donc la solution ? Dans la plupart des cas, un contrat d’accès permet à un utilisateur de bénéficier de certains droits limités sur une œuvre protégée. Donc, le titulaire offre une licence à l’utilisateur pour certains de ses droits exclusifs. En ce sens, un contrat d’utilisation bien formulé n’a pas besoin de toucher à l’utilisation équitable car l’utilisation équitable constitue une utilisation moindre que le contrat d’accès lui-même (cette hypothèse est à valider, mais la logique/rhétorique semble tenir à première vue).
Prenons un exemple: un contrat d’accès à un corpus numérique signé entre une université et un éditeur donné. Ce contrat permet la copie du corpus pour des fins de distribution multiple aux étudiants du cours (via un site d’enseignement comme Moodle). Il permet également aux membres de la communauté universitaire d’effectuer des recherches et de s’envoyer des copies entre eux, tout en effectuant des copies pour des fins d’utilisation personnelles…
Le point est que la plupart des usages permis dans cet exemple vont au delà de l’utilisation équitable. Ces usages sont offerts contre rémunération par l’institution. Le contrat est négocié et les termes sont équitables. Si jamais une partie considère que certains usages sont inéquitables, il convient de les baliser dans le contrat afin d’offrir une rémunération. L’utilisation équitable devrait toujours être permise dans ces contextes, car les droit d’accès et d’utilisation du contrat sont toujours supérieurs aux droits conférés par l’utilisation équitable (hypothèse).
Conclusion: concevoir de bons contrats !
Donc, de bons contrats d’accès, négociés avec diligence et respect des impératifs de chacun (économiques ou institutionnels) est la meilleure solution pour tous. Il est donc primordial d’entamer des négociations en ce sens, pour assurer de réguler les marchés de biens protégés par le droit d’auteur d’une manière équitable.
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Roderick Macdonald sur la gouvernance
Olivier Charbonneau 2010-03-27
Voici un sommaire rapide d’un texte pour le séminaire de Gouvernance avec Pierre Norreau (DRT 7002B). Il s’agit du texte «The Swiss Army Knife of Governance» par Roderick A. MacDonald, publié dans le livre suivant: P. Eliadis, et al. eds., Designing Government : from Instruments to Governance (Montreal : McGill-Queens University Press, 2005), pp. 203-241. Une version datant de 2002 est disponible dans Internet.
L’auteur débute son texte, qui est publié dans un recueil portant sur les «instruments» qui permettent à la gouvernance, en se questionnant sur les approches épistémologiques et méthodologiques à retenir dans un contexte pluri-disciplinaire, d’autant plus qu’il est juriste. Aucune discipline n’a le monopole sur les concepts de «choix d’instrument» ou «gouvernance» ou «formulation de politique» – ni le droit, ni les sciences politiques, ni l’administration publique, ni l’économie, ni la sociologie. L’opportunité est donc à la dialectique entre ces disciplines sur le sujet de la gouvernance.
Par ailleurs, il rejette trois postulats généralement associés au domaine du «choix d’instrument» (méthode de mise en œuvre d’une politique). En premier lieu, l’expression historique de ce domaine s’exprime d’une manière différente à travers le temps. Ensuite, «nonstate actors and multilevel governance through overlapping legal and normative orders at both the substate and ssuperstate levels are emerging as appropriate objects of study» (p. 207). Le rôle du droit posé par l’état ne doit pas être surestimé en le classant dans une catégorie analytique distincte des autres ordres normatifs (« »informal » or « inchoate » alternatives to the state»).
Ainsi, il définit la «gouvernance» comme «the endeavour of identifying and managing both aspirations and action in a manner that affirms and promotes human agency» (p. 207). Il prend pour acquis que tous les êtres humains sont des agents (et non simplement des sujets), qui participent pleinement à un destin commun. Malgré l’optimisme de cette position, il maintient que la gouvernance consiste en «providing facilities, processes and institutions by which these commun endeavours may be realized» (p. 208).
Il tire son inspiration principalement des travaux de Lon Fuller, un penseur important du domaine du droit et de la société dont les textes ont été réunis dans la publication posthume The Principles of Social Order (1983). Par ailleurs, Fuller est un détracteur et adversaire intellectuel de Hart (qui a écrit avec Sacks The Legal Process: Basic Problems in the Making and Application of Law en 1958). Ainsi, Macdonald s’inscrit à l’extérieur de la théorie dominante en droit, celle du positivisme telle qu’exprimée par Kelsen ou l’école du «legal process» de Hart pour retenir le concept de eunomics de Fuller.
L’objectif de Macdonald est de positionner l’intervention des individus en fonction de leurs actions en prenant ses distances de la vision interventionniste de l’État.
«Human beings express thier agency through their acts of self-governance and through their voluntary or coerced participation in governance structures that they share with others and that channel the occasions for exercising this human legacy» (p. 214).
En fait, les citoyens font beaucoup plus que simplement respecter les règles de droit, ils en créent («citizens are not merely law-abiding; they are law-creating» p. 238).
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Un cadre théorique et conceptuel… positiviste??
Olivier Charbonneau 2010-03-27
Le cours de lundi (DRT-7002 avec prof. Louis Rolland) passé m’a offert l’opportunité de confronter la conception de mon projet à ce qu’on fait d’autres doctorants. Je me questionne beaucoup sur l’approche méthodologique à retenir pour développer mon projet. En fait, la méthodologie est en lien avec la «méta-conception» du droit, ou approche épistémologique, que je vais retenir. Il s’agit de grosse questions qui auront un impact significatif sur l’évolution de mon projet.
En fait, j’ai des affinités particulières avec l’approche systémique ainsi que les réseaux, que j’ai présentés plus tôt cette semaine. Il s’agit d’une épistémologie juridique qui se distingue avec le positivisme, qui tente d’appréhender le droit comme étant posé par le législateur et nuancé par les cours (conception de Dworkin). Cette approche épistémologique semble moins pertinent pour moi, car je me questionne sur l’émergence du droit en l’absence de règles juridiques posés.
Mais, je constate que mon cadre théorique ou conceptuel, à l’intérieur duquel je définis les concepts que je vais étudier (étape qui survient en amont de mon projet et qui n’est pas vraiment lié à la méthodologie à proprement parler, mais qui est reliée) sont tous présentés dans la Loi sur le droit d’auteur. Ironique, non?
Par exemple, c’est le seul endroit dans le corpus législatif où l’on obtient une définition claire d’une bibliothèque (dans les définitions à l’article 2):
«bibliothèque, musée ou service d’archives » S’entend :
a) d’un établissement doté ou non de la personnalité morale qui :
(i) d’une part, n’est pas constitué ou administré pour réaliser des profits, ni ne fait partie d’un organisme constitué ou administré pour réaliser des profits, ni n’est administré ou contrôlé directement ou indirectement par un tel organisme,
(ii) d’autre part, rassemble et gère des collections de documents ou d’objets qui sont accessibles au public ou aux chercheurs;
b) de tout autre établissement à but non lucratif visé par règlement.
Même chose pour créateur (ou auteur), publication, marché, contrat, violation, utilisation équitable et exceptions, droit exclusif… mon cadre théorique et conceptuel serait-il donc défini dans la LDA? Probablement ! Il s’agit d’une excellente façon de débuter une thèse en droit !
Par ailleurs, mon cadre d’analyse, ce qui me permet de démontrer mon hypothèse, sera probablement centré sur l’analyse économique du droit, agrémenté du «système» culturel présenté en réseau. Ce «système» (au sens de l’analyse systémique) comporte divers sous-systèmes: créateurs, éditeurs, diffuseurs, consommateurs, institutions du patrimoine (les BAMMS – bibliothèques, archives, musées, monuments et sites ; ou LAMMS en anglais – library, archives, museums, monuments & sites). Il s’agit en fait de la chaîne de production culturelle. Ces sous-systèmes, qui interagissent étroitement (sic) pourraient êtres représentés comme un réseau, où les entités sont chaque sous-système, et les vecteurs, les échanges (droits, argents, etc.) entre chaque sous-système.
Voici une liste des postulats en vrac, à considérer dans le cadre de cette conceptualisation de mon problème:
– le domaine de la création culturelle est un système que l’on peut subdiviser en sous-systèmes selon la fonction de chaque agent ;
– les sous-systèmes interagissent selon des modalités que l’on peut représenter grâce à la théorie des réseaux ;
– tous les créateurs, éditeurs, diffuseurs sont des consommateurs (mais pas l’inverse) ;
– Les échanges entre les sous-systèmes (droits, argent, risque, etc.) peuvent être analysés selon l’analyse économique du droit ;
– les bibliothèques sont des institutions (au sens économique) qui génèrent des biens partagés (club goods) dans le marché des médias «physique» – comment cela se traduit-il dans l’environnement numérique ?
C’est un bon début. Maintenant il ne reste qu’à trouver comment opérer tout cela dans une thèse de 350 pages !
Bibliographie LLD
Une autre thèse
Olivier Charbonneau 2010-03-27
À ne pas oublier, la thèse suivante de l’University of Western Ontario :
Maskell, Cathy (March 2006). Consortia Activity in Academic Libraries: Anti-competitive or in the Public Good? (Supervisor: Dr. Margaret Ann Wilkinson)
Elle fut transformée en chapitre de livre:
Title: Consortia activity in academic libraries: Anti-competitive or in the public good?
Author(s): Catherine Maskell
Book Series: Advances in Library Administration and Organization
Year: 2009
Volume: 28
Page: 81 – 151
ISSN: 0732-0671
DOI: 10.1108/S0732-0671(2009)0000028006
Publisher: Emerald Group Publishing Limited
Sommairement, il est question de savoir si les consortiums de bibliothèques académiques, qui acquièrent des ressources électroniques via des consortiums, vont à l’encontre des règle gérant la saine compétition dans les industries. Il appert que ces pratiques sont équitables.
Bibliographie LLD
À la recherche d'outils de référence en droit
Olivier Charbonneau 2010-03-24
Question d’approfondir l’interrogation sur les concepts de systèmes et de réseaux en méthodologie juridique, j’ai fait ce que tout bon bibliothécaire aurait fait : j’ai recherché des ouvrages de référence sur le sujet, principalement des encyclopédies et des dictionnaires. Ce réflex suppose que la caution bibliographique est une mesure d’autorité des théories, ou des ouvrages qui les portent. Voici quelques résultats.
En premier lieu, je constate une absence d’ouvrages récents au service d’un doctorant en droit. Le domaine juridique pullule d’outils, mais souvent ils s’agit de recensements chronologiques ou alphabétiques de lois. Par ailleurs, cette recherche est compliquée par l’ineptie du catalogue Atrium de l’Université de Montréal – quel outil pourri. Il est impossible d’effectuer des recherches avancées dans plusieurs index… J’ai donc opté pour la bonne vieille méthode de parcourir les rayons à pied, en gardant en tête le système de classification de la bibliothèque de droit.
(Je dois avouer par contre qu’Atrium m’a quand même livré les documents les plus pertinents et que ma promenade n’a pas pu me permettre de trouver des trucs pertinents – probablement à cause de l’indexation sujet précise des bibliothécaires de l’UdeM que du catalogue lui-même!)
Par ailleurs, j’ai utilisé MUSE, le catalogue de l’Université McGill, ainsi que les collections de références numériques de l’Université Concordia (surtout Oxford Reference Online Premium).
Voici rapidement les résultats :
Bibliothèque de droit, Université de Montréal
Titre |
Dictionnaire des grandes oeuvres juridiques / sous la direction de Olivier Cayla, Jean-Louis Halpérin ; conseillers scientifiques, Stéphanie Hennette-Vauchez, Paolo Napoli. |
Auteur(s) |
Cayla, Olivier
Halpérin, Jean-Louis
Hennette-Vauchez, Stéphanie
Napoli, Paolo |
Adresse bibl. |
Paris : Dalloz, c2008. |
Description |
xi, 620 p. ; 25 cm. |
ISBN |
9782247048960, 224704896X |
Sujet(s) |
Droit — Philosophie — Dictionnaires français
Droit — Philsophie — Histoire — Dictionnaires français |
|
Cet outil de référence présente les auteurs d’envergure en droit, d’Aristote à Wolff, en passant par Bobbio, Habermas et Spinoza. On constate une sélection intéressante de contemporains et d’auteurs plus anciens. Ce livre serait très utile pour organiser un séminaire de première session au doctorat, afin de s’inspirer de cette sélection pour choisir des textes à proposer aux doctorants en herbe… intéressant, mais pas particulièrement utile pour les fins de ma recherche précise.
Un autre outil plus général, quelques informations intéressantes sous l’entrée « Sociologie juridique », mais rien qui ne couvre l’actualité de la question.
Titre |
Encyclopedia of law and economics / edited by Boudewijn Bouckaert, Gerrit de Geest. |
Auteur(s) |
Bouckaert, Boudewijn
Geest, Gerrit de |
Adresse bibl. |
heltenham, UK ; Northampton, Ma. : Edward Elgar, 2000. |
Description |
5 v. |
ISBN |
185898565X (set), 1858989841 (v. 1), 185898985X (v. 2), 1858989868 (v. 3), 1858989876 (v. 4), 1858989884 (v. 5) |
Autre(s) titre(s) |
The history and methodology of law and economics
Civil law and economics
The regulation of contracts
The economics of public and tax law
The economics of crime and litigation |
Dépouillement |
v. 1. The history and methodology of law and economics — v. 2. Civil law and economics — v. 3. The regulation of contracts — v. 4. The economics of public and tax law — v. 5. The economics of crime and litigation. |
Sujet(s) |
Droit et économie politique — Encyclopédies |
|
Localisation |
Cote |
|
UdeM Droit |
REF BXZA E56 2000 v.1 |
|
UdeM Droit |
REF BXZA E56 2000 v.2 |
|
UdeM Droit |
REF BXZA E56 2000 v.3 |
|
UdeM Droit |
REF BXZA E56 2000 v.4 |
|
UdeM Droit |
REF BXZA E56 2000 v.5 |
|
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Le volume 1 contient une entrée sur «Public Goods and Club Goods» (le concept de «Shared Resource» serait plus applicable aux bibliothèques) et le second volume traite de la propriété intellectuelle et du droit d’auteur. Mais encore ici, ces volumes semblaient intéressants dans une autre mesure, celle d’élargir notre cadre conceptuel (plutôt que de rechercher une méta-conception du droit, qui renseignera la méthodologie).
Bibliothèque de droit, Université McGill
|
de Clive Parry; John P Grant; J Craig Barker
Livre
Langue : Anglais
Éditeur : Oxford ; New York, N.Y. : Oxford University Press, ©2009.
|
Ces ouvrages semblent les plus pertinents. Je les examinerai la prochaine fois que je visite l’Université McGill.
Oxford University Press, Université Concordia
L’Université Concordia (comme la majorité des universités à Montréal) offre un accès numérique à la collection de référence de l’Éditeur Oxford University Press. Cette collection numérique contient une sélection d’ouvrages en droit.
Une recherche a permit de trouver un article sur l’analyse systémique :
Richard Nobles, David Schiff « Systems Theory » The New Oxford Companion to Law. by Peter Cane and Joanne Conaghan. Oxford University Press Inc. Oxford Reference Online. Oxford University Press. Concordia University Library, Montreal. 24 March 2010 [http://0-www.oxfordreference.com.mercury.concordia.ca/views/ENTRY.html?subview=Main&entry=t287.e2146]
Les auteurs citent les livres suivants:
N Luhmann, Law as a Social System (Oxford: Oxford University Press, 2004)
G Teubner, Law as an Autopoietic System (Oxford: Blackwell, 1993)
Vraiment pertinent comme entrée d’encyclopédie. Cela permet de confirmer que l’analyse systémique obtient une certaine caution bibliographique. Par contre, une entrée équivalente pour le concept de réseau n’est pas incluse dans cette encyclopédie…
Conclusion
Il semblerait que la seule mention des concepts de «réseau» et de «système» sont dans une encyclopédie de Oxford UP (The New Oxford Companion to Law via la collection numérique de l’U. Concordia), et que celle-ci ne traite que de la question de «système».
Comme de raison, si la réponse ne se trouve pas dans un ouvrage de référence, il convient ensuite de se déplacer vers les livres, puis éventuellement vers les articles académiques.
Une recherche sur le concept de réseau à la Bibliothèque de droit de l’Université de Montréal n’a pas donné de résultats, sauf bien sûr pour la notice suivante :
Il s’agit du livre des auteurs qui propose cette théorie originale.
Nous en concluons que le concept de système est plus reconnu dans le monde de la recherche en droit, mais cela ne veut pas nécessairement dire que le concept de réseau est moins pertinent. Par ailleurs, il y a probablement lieu de les lier.
Pour terminer, voici une liste rapide d’ouvrages récents qui portent sur la sociologie et le droit:
Notice #1 Catalogue: Atrium
Auteur: Carbonnier, Jean, 1908-
Titre: Écrits / Jean Carbonnier ; textes rassemblés par Raymond Verdier.
Édition: 1re éd.
Auteur(s): Verdier, Raymond
Adresse bibl.: Paris : Presses universitaires de France, 2008.
Description: 1613 p. : ill. ; 24 cm.
ISBN: 9782130565635, 2130565638
Sujet(s): Droit civil — France Sociologie juridique
Note(s): Ce volume rassemble des textes publiés de 1933 à 2003.
Exemplaires:
Localisation/Cote:
UdeM Droit AZFD C264e 2008 Disponible |
Notice #2 Catalogue: Atrium
Auteur: Cotterrell, Roger
Titre: Living law : studies in legal and social theory / Roger Cotterrell.
Adresse bibl.: Aldershot, Hampshire, England : Dartmouth Pub. Co. ; Burlington, VT, USA : Ashgate, c2008.
Description: xxx, 382 p. ; 23 cm.
Collection(s): Collected essays in law
ISBN: 9780754627104, 0754627101
Sujet(s): Sociologie juridique Droit — Philosophie
Dépouillement: Subverting orthodoxy, making law central : a view of sociolegal studies — Community as a legal concept? Some uses of a law-and-community approach in legal theory — From ‘living law’ to the ‘death of the social’ : sociology in legal theory — Pandora’s box : jurisprudence in legal education — Living law revisited : communitarianism and sociology of law — Emmanuel Levy and legal studies : a view from abroad — Durkheim’s loyal jurist? The sociolegal theory of Paul Huvelin — The rule of law in transition : revisiting Franz Neumann’s sociology of legality — The representation of law’s autonomy in autopoiesis theory — Images of Europe in sociolegal traditions — The development of capitalism and the formalization of contract law — The law of property and legal theory — Some sociological aspects of the controversy around the legal validity of private purpose trusts — Trusting in law : legal and moral concepts of trust — Some aspects of the communication of constitutional authority — Comparative law and legal culture — Common law approaches to the relationship between law and morality — Legal effects and moral meanings : a comment on recent debates on approaches to legislation — Ideas and values in law : a comment on The Importance of Ideals — Culture, comparison, community — Lawyers and the building of communities.
Dépouillement: http://www.loc.gov/catdir/toc/fy0805/2007941043.html
Collect. non indexée(s): Collected essays in law series
Exemplaires:
Localisation/Cote:
UdeM Droit BYZD C847La 2008 Disponible |
Notice #3 Catalogue: Atrium
Auteur: Deflem, Mathieu
Titre: Sociology of law : visions of a scholarly tradition / Mathieu Deflem.
Adresse bibl.: Cambridge, UK ; New York : Cambridge University Press, 2008.
Description: x, 348 p. ; 24 cm.
ISBN: 9780521673921 (pbk.), 9780521857253 (hardback), 0521857252 (hardback), 9780521673921 (pbk.), 0521673925 (pbk.)
Sujet(s): Sociologie juridique Droit et sciences sociales Droit — Aspect social Droit — Philosophie — Aspect social
Dépouillement: Introduction : sociology, society, law — Theoretical foundations of the sociology of law. Law and the rise of the social sciences — Max Weber on the rationalization of law — Emile Durkheim on law and social solidarity — Development and variations of the sociology of law. The theoretical move towards the sociological study of law — From sociological jurisprudence to sociology of law — Sociology of law and the antinomies of modern thought — Sociological dimensions of law. Law and economy : the regulation of the market — Law and politics : the role of democratic law — Law and integration : the legal profession — Law and culture : the balance of values through norms — Special problems of law. Social control : the enforcement of law — The globalization of law — Conclusion : visions of the sociologyof law.
Dépouillement: http://www.loc.gov/catdir/enhancements/fy0803/2007039899-t.html
Exemplaires:
Localisation/Cote:
UdeM Droit BYZD D313s 2008 Disponible |
Notice #4 Catalogue: Atrium
Titre: The role of social science in law / edited by Elizabeth Mertz.
Auteur(s): Mertz, Elizabeth.
Adresse bibl.: Aldershot, England ; Burlington, VT : Ashgate, c2008.
Description: xxx, 611 p. : ill., cartes ; 26 cm.
Collection(s): International library of essays in law and society
ISBN: 9780754626015 (cloth : alk. paper), 0754626016 (cloth : alk. paper)
Sujet(s): Droit et sciences sociales Sociologie juridique
Collect. non indexée(s): The international library of essays in law and society
Exemplaires:
Localisation/Cote:
UdeM Droit BYZD R745 2008 Disponible |
Notice #5 Catalogue: Atrium
Auteur: Cotterrell, Roger
Titre: Law, culture and society : legal ideas in the mirror of social theory / Roger Cotterrell.
Adresse bibl.: Aldershot, England ; Burlington, VT : Ashgate, c2006.
Description: 198 p. ; 24 cm.
Collection(s): Law, justice, and power
ISBN: 0754625052 (hbk.), 0754625117 (pbk.), 9780754625056 (hbk.), 9780754625117 (pbk.)
Sujet(s): Sociologie juridique Droit — Philosophie Droit comparé — Aspect sociologique
Dépouillement: http://www.loc.gov/catdir/toc/ecip068/2006003910.html
Collect. non indexée(s): Law, justice, and power series
Exemplaires:
Localisation/Cote:
UdeM Droit BYZD C847Lc 2006 Disponible |
Notice #6 Catalogue: Atrium
Titre: Theory and method in socio-legal research / edited by Reza Banakar and Max Travers.
Auteur(s): Banakar, Reza Travers, Max
Collectivité(s): Institut international de sociologie juridique
Adresse bibl.: Oxford ; Portland, Or. : Hart Pub., 2005.
Description: xvi, 376 p. ; 24 cm.
Collection(s): Oñati international series in law and society
ISBN: 1841136263 (br.), 1841136255 (rel.), 9781841136257, 9781841136264
Sujet(s): Sociologie juridique Droit — Recherche documentaire Sciences sociales — Recherche
Autre(s) titre(s): Theory and method in sociolegal research
Note(s): « A series published for the Oñati Institute for the Sociology of Law ».
Exemplaires:
Localisation/Cote:
UdeM Droit BYZD T396 2005 Disponible |
Notice #7 Catalogue: Atrium
Titre: Dessiner la société par le droit = Mapping society through law / sous la direction de Ysolde Gendreau.
Auteur(s): Gendreau, Ysolde, 1962-
Collectivité(s): Université de Montréal. Centre de recherche en droit public Université de Montréal. Faculté de droit
Adresse bibl.: Montréal : Éditions Thémis, 2004.
Description: 190 p.
ISBN: 2894001851
Sujet(s): Sociologie juridique — Congrès Droit — Aspect social — Congrès Droit social — Congrès Médecine — Recherche — Droit — Congrès Droit constitutionnel — Canada — Congrès
Autre(s) titre(s): Mapping society through law
Note(s): Communications présentées à des conférences organisées par le Centre de recherche en droit public et tenues à la Faculté de droit de l’Université de Montréal en 2002. Textes en français et en anglais.
Exemplaires:
Localisation/Cote:
UdeM Droit BYZD D475 2004 Disponible
UdeM Droit BYZD D475 2004 ex. 2 Consultation interne |
LLD
Scarpelli sur le positivisme
Olivier Charbonneau 2010-03-23
Scarpelli nous offre la définition suivante du positivisme (p. 22 de l’original, p. 9 du 2e tome du recueil de textes):
le juspositivisme est cette tendance de la culture juridique au sein de laquelle on donne une définition volontariste et neutre du concept de droit, qui en fait un système de normes posées par la volonté d’êtres humains, porteur de certaines caractéristiques qui permettent de le reconnaître indépendamment de sa conformité aux valeurs d’une morale ou d’une idéologie.
Il semblerait que le positivisme offre au chercheur en droit la possibilité d’atteindre le «nirvana» juridique de poser le droit par ses écrits. Ainsi, cette «volonté d’êtres humains» explicitée dans des textes premiers du droit (les lois et éventuellement les écrits des cours de justice) peut être nuancée, articulée et comprise par le biais de la doctrine.
BIBLIOGRAPHIE
Umberto SCARPELLI, Qu’est ce que le positivisme juridique?,
Bruxcelles – Paris, Bruylant – L.CG.D.J., 1996, p. 13-22 et 25-30
LLD
Encyclopédie, systèmes, réseaux
Olivier Charbonneau 2010-03-19
Ironiquement, l’encyclopédie sur la sociologie du droit disponible dans le local des doctorants à la bibliothèque de droit de l’Université de Montréal ne mentionne que le concept de systèmes mais pas celui des réseaux. En fait, Profs Ost et Van de Kerchove ont travaillé à cette encyclopédie, mais sa publication (1993) est antérieure à la publication de leur livre proposant l’analogie du réseau pour évoquer les nouveaux paradigmes de l’émergence des ordres juridiques contemporains.
Je vais devoir fouiller cette question plus tard par contre, j’ai d’autres lectures à compléter pour le cours de lundi…
LLD
Analyse systémique du droit et réseaux
Olivier Charbonneau 2010-03-18
La lecture de la thèse de Grégory Maitre (La responsabilité civile à l’épreuve de l’analyse économique du droit, Paris, L.G.D.J., 2005) traite de l’analyse systémique dans le droit. En effet, cette approche herméneutique permet d’appréhender des situations complexes en les divisant en sous-systèmes. Ainsi, Dr. Maitre propose que le droit et l’économie sont eux-même des sous-systèmes du système social. L’interaction systémique (communication entre les deux sous-systèmes) permet l’émergence d’une nouvelle méthodologie (ou méta-méthodologie) en science juridique: l’analyse économique du droit.
Dans sa thèse, Dr Maitre précise qu’un système (p.7-8)
présente trois propriétés principales. Il est tout d’abord auto-référent, dans la mesure où il ne peut se comprendre que par référence aux éléments qui le composent. Seuls ces éléments, quelle qu’en soit la nature, sont pertinents pour saisir le système étudié. L’environnement du système, c’est à dire ce qui lui est extérieur, et notamment les autres systèmes, ne sont d’aucune aide pour appréhender le système en cause. Expliquer un système dans les termes d’un autre système n’aurait aucun sens.
Il est ensuite auto-régulé. Un système étant par définition clos, sa structure ne peut être déterminée par l’environnement de ce système. Au contraire, l’agencement des éléments qui composent le système s’opère de manière purement interne, et donc autonome. Les autres systèmes n’ont aucune influence directe sur le fonctionnement du système considéré. Le concept d’auto-régulation demeure cependant vague, car il intègre en réalité deux distinctions. D’une part, l’auto-régulation implique l’auto-organisation du système. En d’autres termes, la structure du système est élaborée spontanément, par l’interaction des éléments qui composent le système. D’autre part, l’auto-régulation proprement dite permet la conservation de la structure du système, et la modification éventuelle de cette structure, selon un processus interne.
Il est enfin autopoïétique, c’est à dire qu’il s’auto-reproduit : tout système procède au renouvellement constant des éléments qui le composent sans intervention extérieure. Un système est donc en perpétuelle évolution, c’est-à-dire que les agencements possibles des éléments du système se succèdent constamment les uns aux autres. Il n’en reste pas moins que le système demeure le même malgré le changement de combinaison de ses composantes.
(nous soulignons)
Dans cette explication de l’analyse systémique, Dr Maitre cite les travaux de Nikkass Luhmann, dont le no 11-12, 1989, de la revue scientifique Droit et Société semble porter sur lui et ses recherches, ainsi que les travaux de G. Teubner (Le droit, un système autopoïétique, PUF, Les voies du droit, 1993). Par ailleurs, Dr. Maitre précise que Habermas (dont les travaux sont également présentés dans le no 11-12, 1989 de Droit et Société) préfère le concept de droit dit «médium» – une sorte d’interface entre les sous-systèmes (économiques, bureaucratiques, etc).
Cette approche est vraiment fascinante. L’analogie des systèmes, très proche de celle des réseaux, semble permettre d’attaquer un problème complexe en le décomposant en sous-systèmes qui peuvent entrer en interaction ou communication (voir les travaux de M. van HOECKE, Law as Communication, Oxford, Hart Publishing, 2002, pp. 208). Si les sous-systèmes constituent les entités d’un réseau, les interactions ou communications entre ces sous-systèmes peuvent êtres représentés par les vecteurs, les lien entre ces sous-systèmes. S’en suit une représentation d’une situation complexe, qui offre une schématisation conceptuelle d’une situation difficile.
Ensuite, l’analyse de cette représentation schématique, par le biais des sciences juridiques ou possiblement d’autres approches épistémologiques, devient possible. Tout dépend de comment est posé l’élaboration du système et de ses composantes – soit d’autres sous-systèmes ou des éléments constitutifs (éléments d’instance).
Il me semble qu’il y a là une approche épistémologique très intéressante pour mon projet de thèse. Cette approche permet de récupérer mes connaissances en analyse des systèmes dans le domaine de la gestion – un domaine qui est très employé dans le développement des systèmes informatiques justement.
Je me demande comment les réseaux et les systèmes sont représentés en dans les approches herméneutiques ou épistémologiques en droit… vivement une bonne encyclopédie !!
LLD
Plus de thèses
Olivier Charbonneau 2010-03-14
Une autre liste de thèses :
1.
L’extension contractuelle du droit d’auteur par le biais de licences d’utilisation: Analyse de la situation canadienne
by Ferron, Christian, LL.M., McGill University (Canada), 2008, 192 pages; AAT MR51418
2.
Le droit de distribution electronique: Essai sur le droit de distribution des oeuvres en droit d’auteur canadien, americain, anglais et francais
by Moyse, Pierre-Emmanuel, LL.D., Universite de Montreal (Canada), 2006, 699 pages; AAT NR23806
3.
Copyright protection to musical works in cyberspace
by Yuan, Xiaotong, LL.M., McGill University (Canada), 2005, 106 pages; AAT MR12689
4.
The legal nature of the copyright licence under Canadian law
by Brand, Frederic, LL.M., University of Toronto (Canada), 2005, 65 pages; AAT MR07328
5.
Copyright at home: Copyright and the phantom public
by Bannerman, Sara, M.A., Carleton University (Canada), 2004, 155 pages; AAT MQ98950
6.
The impact of competition law on copyright law in new economy markets in Canada
by Aregger, Ruth, LL.M., McGill University (Canada), 2003, 126 pages; AAT MQ88105
7.
L’impasse de la position canadienne face a la qualification juridique de l’oeuvre multimedia
by Delisle, Marie-Louise, LL.M., McGill University (Canada), 2002, 136 pages; AAT MQ79125
8.
Fair dealing and the purposes of copyright protection: An analysis of fair dealing in the copyright law of the United Kingdom and Canada
by Craig, Carys Jane, LL.M., Queen’s University at Kingston (Canada), 2001, 222 pages; AAT MQ55897
9.
Defining the public interest in Canadian intellectual property policy
by Fewer, David Anthony, LL.M., University of Toronto (Canada), 1997, 207 pages; AAT MQ29443
10.
PROPERTY RIGHTS AND INFORMATION MARKETS: POLICY ISSUES AFFECTING NEWS AGENCIES AND ONLINE DATABASES
by SAMARAJIWA, ROHAN AINSLEY, Ph.D., Simon Fraser University (Canada), 1986; AAT NL30831