Art contemporain Conférence Exceptions au droit d'auteur Montréal Utilisation équitable
L’art artificiel en cour
Olivier Charbonneau 2018-11-06
Basanta (gauche) Chamandy (droite). Source: Goodmans IP 29 oct. 2018. Reproduit et diffusé pour des fins d’utilisation équitable (tels que: éducation, communication de nouvelles, critique et compte rendu)
Le 23 novembre prochain aura lieu la Conférence Les Cahiers de Propriété Intellectuelle: droit + Intelligence artificielle, à laquelle je me suis empressé de m’inscrire. Mais ce matin, j’ai pu entendre ce qui me semble être une des première action en justice entre deux artistes à cause d’une oeuvre générée par algorithme.
La source provient de l’épisode 409 de CBC Spark par Nora Young, une émission scientifico-gook-numérique du radiodiffuseur national anglophone (Canadian Broadcasting Corporation). Le segment débute à 10 minutes de l’épisode 409 et dure une vingtaine de minutes.
Amel Chamandy, artiste, galériste et donatrice au MBAM (source), contre Alain Basanta, artiste et chercheur à Hexagram (Concordia). Basanta explore l’utilisation d’une IA pour créer de l’art et une des oeuvres, selon Chamandy, plagie une des siennes. L’expo de Basanta en cause se nomme All we even need is one another.
En plus de quelques détails et des entrevues de Basanta et la lecture d’une déclaration de l’avocat de Chamandy, Nora Young, l’animatrice de l’émission Spark de CBC, offre une entrevue du professeur Jeremy deBeer. À lire aussi, cette note sur le blogue de la CBC Radio.
Pour voir les images, je vous invite d’accéder à cet article du
Globe and Mail.
Nous y apprenons que l’avocat de Chamandy se nomme Me Pascal Lauzon et Chamandy est exposée à la
galerie NuEdge. Voir aussi ce billet de
Goodman IP, une firme d’avocats de Toronto.
Avocat CultureLibre.ca Droits des citoyens France
Lecture de « petite poucette » de Michel Serres 2012 (mais lecture de la réédition de 2017)
Olivier Charbonneau 2018-10-24
En passant par ma bibliothèque municipale, je suis tombé sur la réédition de 2017 chez Éditions de Noyelle / France Loisir du livre Petite Poucette [initialement chez Le Pommier en 2012] du philosophe et professeur à Standford University, Michel Serres. Une lecture rapide mais exigeante explorant les mutations qu’ont pu vivres les jeunes à travers les yeux perçants de quelqu’un au long parcours.
L’auteur divise son oeuvre en trois: la première partie présente ce que peut vivre Petite Poucette et comment cela façonne sa perception de la réalité. Ensuite, l’auteur expose comment cette perception s’applique à l’école, surtout lorsque l’on peut retrouver toute information à la pointe des doigts – dans ce cas-ci, on peut réellement parler d’information digitale. La dernière partie traite de la société au sens large et c’est là que j’ai déniché des perles…
Un des thèmes proposé par Serres concerne le renversement de la présomption d’incompétence, intertitre d’une section de sa troisième partie sur la société:
Utilisant la vieille présomption d’incompétence, de grandes machines publiques ou privées, bureaucratie, médias, publicité, technocratie, entreprises, politique, universités, administrations, science même quelquefois…, imposent leur puissance géante en s’adressant à des imbéciles supposés, nommés grand public, méprisés par les chaînes à spectacle. En compagnie de semblables qu’ils supposent compétents, et, de plus, pas si sûr d’eux-mêmes, les Petits Poucets, anonymes, annoncent, leur voix diffuse, que ces dinosaures, qui prennent d’autant plus de volume qu’ils sont en voie d’extinction, ignorent l’émergence de nouvelles compétences. Que voici (p. 66)
Soulignant maintenant l’émergence de voix, de brouhaha collectifs par le biais de médias sociaux, Serres recentre le rôle du Petit Poucet par rapport à l’expert, être voué à disparaître:
Le collectif, dont le caractère virtuel se cachait, peureux, sous la mort monumentale, laisse la place au connectif, virtuel vraiment. (p. 67)
Relatant son parcours personnel, jadis épistémologue (qui « étudie les méthodes et les résultats de science), Serres précise:
Alors que je ne prétends plus à cette discipline, tout le monde aujourd’hui devient épistémologue. Il y a présomption de compétence. Ne riez pas, dit Petite Poucette: quand ladite démocratie donna le droit de vote à tous, elle dut le faire contre ceux qui criaient au scandale qu’on le donnât, de manière équivalente, aux sages et aux fous, aux ignorants et aux instruits. Le même argument revient. (p. 67-8)
Que sont devenues les institutions de jadis?
Pour la première fois sans doute de l’histoire, le public, les individus, les personnes, le passant appelé naguère vulgaire, bref Petite Poucette, pourront et peuvent détenir au moins autant de sagesse, de science, d’information, de capacité de décision que les dinosaures en question, dont nous servons encore, esclaves soumis, la voracité en énergie et l’avarice en production. […] Voilà pourquoi ce livre titre: Petite Poucette. Il touche aussi les cultures, puisque la Toile favorise la multiplicité des expressions et, bientôt, la traduction automatique, alors que nous sortons à peine d’une ère où la domination géante d’une seule langue avait unifié dires et pensées dans la médiocrité, en stérilisant l’innovation. (p. 68-9)
Serres note une complexification croissante de la société.
Or, je le répète, l’histoire des sciences connaît le décrochement qui s’ensuit de ce type de croissance. Lorsque l’ancien modèle de Ptolémée eut accumulé des dizaines d’épicycles qui rendaient illisible et compliqué le mouvement des astres, il fallut changer la figure : on déplaça vers le soleil le centre du système et tout redevint limpide. Sans doute, le code écrit d’Hammourabi mit fin à des difficultés sociojuridiques tenant au droit aural. Nos complexités viennent d’une crise de l’écrit. Les lois se multiplient, enfle le Journal officiel. La page se trouve à bout de course. Il faut changer. L’informatique permet se relais. (p. 72)
Faisant l’éloge de la « vitesse électronique » (p. 72), Serres poursuit:
Que la complexité ne disparaisse pas ! Elle croît et croîtra parce que chacun profite du comfort et de la liberté qu’elle procure ; elle caractérise la démocratie. Pour réduire le coût, il suffit de le vouloir. Quelques ingénieurs peuvent résoudre ce problème en passant au paradigme informatique, dont la capacité conserve et même laisse croître le simplexe, mais le parcourt vite, supprime donc, je le répète, files ou bouchons et gomme les chocs. (p. 72-3)
Par files et bouchons, Serres fait référence aux files des guichets de services et les bouchons de circulation. Il introduit à ce stade-ci un concept central de la thèse du livre, celui de l’importance des données:
Petite Poucette – individu, client, citoyen – laissera-t-elle indéfiniment l’État, les banques, les grands magasins… s’approprier ses données propres, d’autant qu’elles deviennent aujourd’hui source de richesse ? Voilà un problème politique, moral et juridique dont les solutions transforment notre horizon historique et culturel. Il peut en résulter un regroupement des partages socio-politiques par l’avènement d’un cinquième pouvoir, celui des données, indépendant des quatre autres, législatif, exécutif, judiciaire et médiatique. (p 73)
Ce dernier passage est particulièrement inspirant. D’ailleurs, les pages qui suivent sont d’une richesse inouïe, qui versent dans la théorie cybernétique sans la nommer. Serres revisite la distinction, classique en France et ailleurs, entre les disciplines intellectuelles, racines d’innombrables structures socioéconomiques. Ainsi, il explore la distinction entre celles-ci: « lettres, sciences, droit et médecine-pharmacie » (p. 74) où la première « chantaient l’égo, le je personnel, l’humain de Montaigne, ainsi que le nous des historiens, linguistes et sociologues » tandis que les secondes « énonçaient des lois générales, voire universelles » – mais le droit et la médecine sont d’un autre ordre:
Mis tous deux en tiers, la médecine et le droit accédaient ensemble, peut-être sans le comprendre, à une manière de connaître qu’ignoraient les sciences et les lettres. Unissant le général et le particulier, naquit, dans ces facultés juridiques et médicales, un tiers sujet… l’un des ancêtres de Petite Poucette. (p. 74)
La capacité de Petite Poucette à manipuler ses bidules et « maîtriser des pouces boutons, jeux et moteurs de recherche » (p. 75-6),
[Petite Poucette] déploie sans hésitation un champ cognitif qu’une part de la culture antérieure, celle des sciences et des lettres, a longtemps laissé en jachère, que l’on peut nommer «procédural». […] En passe de concurrencer l’abstrait de la géométrie aussi bien que le descriptif des sciences sans mathématiques, ces procédures pénètrent aujourd’hui le savoir et les techniques. Elles forment la pensée algorithmique. (p. 76)
De plus,
L’objectif, le collectif, le technologique, l’organisationnel… se soumettent plus, aujourd’hui, à ce cognitif algorithmique ou procédural qu’aux abstractions déclaratives que, nourries aux sciences et aux lettres, la philosophie consacre depuis plus de deux millénaires. (p. 77)
En effet, cette émergence de de l’algorithme ou de la procédure n’a rien de nouveau. Serres invoque les travaux de Pascal et Leibniz pour souligner son origine :
Formidable mais alors discrète, cette révolution passa inaperçue des philosophes, nourris aux sciences et aux lettres. Entre formalité géométrique – les sciences – et la réalité personnelle – les lettres – advenait, dès cette époque, une nouvelle cognition des hommes et des choses, déjà prévue dans l’exercice de la médecine t du droit, tous deux soucieux de réunir juridiction et jurisprudence, malade et maladie, universel et particulier. Émergeait là notre nouveauté. (p. 77-8)
Et c’est là que la thèse de Serres déploie tout sons sens pour mes recherches: « La nouvelle victoire de ces vieilles procédures vient de ce que l’algorithmique et le procédural s’appuient sur des codes » (p. 78). Justement, le code persiste dans les vieilles disciplines (droit, médecine, pharmacie) et les nouvelles (biochimie, théorie de l’information, nouvelles technologies) car elles « s’en emparent, et, de là, le généralisent au savoir et à l’action en général. » (p. 78)
Jadis et naguère, le vulgaire n’entendait goutte aux codes juridiques, ni à ceux des médicaments ; ouvert ou fermé, leur écriture pourtant affichée ne restait lisible qu’aux doctes. Un code ressemblait à une pièce à deux côtés, poli ou face, contradictoires : accessible et secret. Nous vivons depuis peu dansla civilisation de l’accès. Le correspondant linguistique et cognitif de cette culture y devient le code, qui le permet ou l’interdit. Or justement le code institut un ensemble de correspondances entre deux systèmes à traduire l’un dans l’autre, il possède les deux faces dont nous avons besoin dans la circulation libre des flux dont je viens de décrire la nouveauté. Il suffit de codes pour préserver l’anonymat en laissant libre l’accès. (p. 79)
Serre propose, par exemple, l’ADN comme exemple de ce code qui est à la fois ouvert et fermé.
Médecine et droit nourrissaient depuis longtemps cette idée de l’homme comme code. Le savoir et les pratiques la confirment aujourd’hui, dont les méthodes utilisent procédures et algorithmes ; le code fait naître un nouvel ego. Personnel, intime, secret ? Oui. Générique, public publiable ? Mieux, les deux: double, je l’ai déjà dit du pseudonyme. (p.80)
Je ne peux m’empêcher que je m’insère directement dans cette veine : ce carnet de recherche, ce billet, ma démarche témoigne de ma démarche intellectuelle, un fragment public de mes intérêts secrets.
Entre données et algorithme (ou procédure) naît Petite Poucette et ce paradigme nouveau pour redéfinir ce simplex de la société que l’on ne sait pas encore observer. Serres a su mettre en mots et faire l’éloquente dissection, dans Petite Poucette, de ce qui anime mon programme intellectuel depuis le début de ma carrière. Qui sera ce Ptolémée contemporain qui ajustera la doctrine pour enfin apercevoir le chemin tracé vers l’avenir ?
Critique France Internet Livre et édition
Mon ami Sartre
Olivier Charbonneau 2018-10-22
Il me restait quelques moments avant de terminer ma journée, quelques minutes tout au plus, juste assez pour repasser les missives reçues par courriel pour m’assurer que je n’ai pas complètement négligé ma correspondance. Et je suis tombé sur ce message, sans mots autre qu’un hyperlien, de ma propre plume, à moi même.
Il s’agit du message parfait pour meubler ces instants où le soleil d’automne vacille vers le crépuscule. Le voici:
http://figura-concordia.nt2.ca/appel-raconter-linternet
Ah oui, il s’agit d’un appel de communication de mes collègues en littérature – un domaine que je considère comme prioritaire pour partager mes résultats de recherche en droit d’auteur numérique… dans l’appel, une phrase en particulier m’accroche, une référence directe à Jean-Paul Sartre:
Cette journée d’étude vise à réfléchir à la présence du numérique dans le roman et à ses implications sur l’imaginaire contemporain. Les interventions, que nous souhaitons fondées sur des études de cas, chercheront à émettre quelques hypothèses sur ce que « peut » la littérature, pour reprendre la célèbre formule de Sartre, lorsque confrontée aux effets sémiotiques ou rhétoriques des innombrables dispositifs, applications, réseaux et logiciels qui balisent désormais le quotidien.
Tiens, une célèbre formule de Sartre ? Quid… Mon le duo Google-Wikipedia me lancent sur la trace de l’essai Qu’est-ce que la littérature ? que je retrouve sous mes pieds (oui, oui, je travaille au 5e de ma bibliothèque universitaire et le livre est classé au 4e).
Il faut dire que le moment s’est envolé et j’ai réellement manqué mon train… assis sur ma chaise, je savoure cette édition ancienne, éphémère, où chaque page semble sur le point de se sublimer en nuage de poussière !
Je trouve beaucoup de perles, fragments de pensées attrapées par butinage paresseux. Je saute à la section « Pour qui écrit-on ? » de l’essai en question et je découvre ces mots, à la page 128-9:
L’écrivain consomme et ne produit pas, même s’il a décidé de servir par la plume les intérêts de la communauté. Ses oeuvres restent gratuites, donc inestimables ; leur valeur marchande est arbitrairement fixée. […] Au fond on ne paie pas l’écrivain : on le nourrit, bien ou mal selon les époques. Il ne peut en aller différemment, car son activité est inutile : il n’est pas du tout utile, il est parfois nuisible que la société prenne conscience d’elle-même. Car précisément l’utile se définit dans les cadres d’une société constituée et par rapport à des institutions, des valeurs et des fins déjà fixées.
Je viens de trouver ma lecture de chevet pour les prochaines semaines…
Canada Contenu culturel Préservation Questions Lecteurs
Exception pour une copie de sauvegarde
Olivier Charbonneau 2018-10-22
Il existe une exception pour habiliter les « personnes » – qu’elles soient physiques (les humains) ou mortales (les organisations) à effectuer des copies de sauvegarde d’objets protégés par le droit d’auteur. Il s’agit d’une exception édictée dans la révision de la loi en 2012, à l’article 29.24 :
Copies de sauvegarde
Copies de sauvegarde
29.24 (1) Ne constitue pas une violation du droit d’auteur le fait, pour la personne qui est propriétaire de la copie (au présent article appelée copie originale) d’une oeuvre ou de tout autre objet du droit d’auteur, ou qui est titulaire d’une licence en autorisant l’utilisation, de la reproduire si les conditions ci-après sont réunies :
a) la reproduction est effectuée exclusivement à des fins de sauvegarde au cas où il serait impossible d’utiliser la copie originale, notamment en raison de perte ou de dommage;
b) la copie originale n’est pas contrefaite;
c) la personne ne contourne pas ni ne fait contourner une mesure technique de protection, au sens de ces termes à l’article 41, pour faire la reproduction;
d) elle ne donne aucune reproduction à personne.
Assimilation
(2) Une des reproductions faites au titre du paragraphe (1) est assimilée à la copie originale en cas d’impossibilité d’utiliser celle-ci, notamment en raison de perte ou de dommage.
Destruction
(3) La personne est tenue de détruire toutes les reproductions faites au titre du paragraphe (1) dès qu’elle cesse d’être propriétaire de la copie originale ou d’être titulaire de la licence qui en autorise l’utilisation.
|
Cet article édicte également certaines modalitées d’application à l’article. Constater que le terme « DONNER » à l’alinéa 1.d) peut porter à confusion, il est important de se questionner si l’on applique le sens commun ou non. Plus précisément, est-ce qu’une bibliothèque ou une organisation similaire peut effectuer le prêt documentaire d’une copie de sauvegarde d’un bien? Étant bibliothécaire (je ne suis pas avocat), je ne peux fournir une opinion juridique sur ce point, mais il convient de préciser que le Code civil du Québec édicte des régimes distincts pour les dons et pour le prêt de biens, où il y a perte du droit de propriété dans le cas du don et non dans le prêt.
Cette question mérite une attention plus sérieuse que celle que je puisse y réserver ce lundi matin…
Conférence Histoire et sciences sociales Montréal
Notes: Conférence d’Yves Gingras – Chaire Lexum
Olivier Charbonneau 2018-10-16
Conférence d’Yves Gingras – Chaire Lexum
Titre: De l’Homo Faber à l’homo Techo-logicus ou la fin de la nature
Approche: anthropologie philosophique (énoncé d’une thèse générique sur l’humanité)
Énoncé de thèse: humain est un être contre-nature anti-nature produit le plus paradoxal de la nature et les devenu un homo techno-logicus. Une critique de la critique de « la technique »
transformation des sciences à travers l’histoire humaine
Inspiration des années 1960: Ellul; Heidegger sur la technique. Selon Gingras, l’erreur fondamentale de ces discours est de dissocier l’humain de la techne.
Antiphon, 5-4e siècle avant J.C.: « là où la nature nous dominait, technès nous rend vainqueur »
Du grec, au latin, au français:
- technès: art, artisan…
- logos: raison, discours, langage…
- Techno-logie: théorie des techniques (Aristote et sa théorie des cinq machines simples: roue, coin, levier, vis, treuil, c.f. Questions de mécanique, 3-2e siècle)
- Technique à distinguer de la technologie
Technique contre technologie: le livre de Jacques Ellul: Le bluff technologie… oui, mais la compréhension des mots change avec le temps.
Illustration de sa thèse Historique de la technè par des exemples
- Texte hermétique, 4e siècle: L’homme maître de la nature?
- Francis Bacon 1620: Les secrets de la nature se révèlent plutôt sous la torture des expériences que lorsqu’ils suivent leur cours naturel
- Descartes 1637: « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature »
- Réponse romantique: Goethe aux rationalistes
- L’oeil instrumenté: le télescope contre l’oeil nu… par la pensée… matérialisée (Louis de Broglie: mécanique ondulatoire, 1924) Se développe une vision purement mathématique appliquée à des données == abstraction par analogie == microscope électronique 1931………
- Manipuler la matière: de 1897 et l’électron jusqu’à 1945 bombe atomique
- Manipuler la Terre: changement climatique, fracturation, …
- Manipuler la vie
La vie sans les humains… conclusion: l’humain est la première espèce contre-nature
Flore laurentienne de Marie-Victorain: reprise en charge des maisons par la nature dans un univers post-humain où l’anthropocène émerge de la révolution industrielle et confirme sa thèse
Conférence France
Analyse réseaux complexes — Jour 5
Olivier Charbonneau 2018-09-28
J’ai l’énorme privilège de participer à l’École thématique CNRS sur l’Analyse de réseaux et complexité.
L’émergence des collectifs à partir des réseaux – Michel Grossetti
Objectifs: formalisation et application
Travaille sur un vocabulaire/ontologie
Entité
- Personne : tout humain vivant; les autres entités (animaux…) sont des ressources
- Ressources de coordination: sont impliquées dans les interactions entre les personnes
- Processus d’émergence (découplage) ou de dissolution (encastrement) des entités relativement à ce qui les constitue ou ce qu’elles contribuent à constituer
- Artistes encastrées dans un collectif (Beatles ensemble)
- Découplage – they split up
- Processus:
- Activité
- Action
- Interaction – créé son propre contexte
- Processus est une construction analytique regroupant des activités considérées comme liées entre elles
- …
- Collectifs et réseaux: composés de personnes et de ressources
- Collectif: ensemble de personnes partageant des ressources (contraintes/enjeux). Construction analytique (collectif analytique)
- Lorsque certaines des ressources produisent des coordinations spécifiques à l’ensemble concerné, un processus de découplage (d’émergence) s’enclenche. Au delà d’un certain niveau de découplage, un collectif devient un collectif explicite
- Analogue à « groupeÉ ; « classe sociale » ; « organisation
- Sphères d’activité et institutions
- sphère d’activité: implique un ensemble donné de ressources
- Comme les collectifs, certaines sphères d’activités sont explicites, institutionnalisés. Elles regroupent de nombreuses ressources spécialisés. D’autres sont seulement analytiques
- Les ressources de coordination spécifiques à une sphère ……
Processus d’émergence et de collectifs
3 scénarios
- Polarisation externe
- (Classes sociales de Marx)
- Théorie des marchés de Harrison White: phase 2: équivalence structurelle où chaque firme contracte avec chaque client d’un marché; le marché comme ensemble d’entreprises s’ajustant collectivement aux clients, comme des bancs de poisson – équivalence structurelle – revues spécialisées;
- Densification
- Mullins, Howard Benker, etc.
- Étape 1: réseau relativement ouvert, peu dense; Étape 2: groupement par densification des liens par des associations professionnelles ou industrielles, revues, etc. ; Étape 3: émergence de collectif par fragmentation de collectifs existants, sous-disciplines, spécialisation, voir polarisation interne: Mulkay et Edge, Andrew Abbott.
- Fragmentation
- Andrew Abbott. Ce dernier propose 3 types de fragmentation dans Chaos of disciplines, 2001: fragmentation simple, fractale, fractale avec reformulation
Entrepreneur de collectif: personnes ayant projets relativement au collectif
Émergence: permet d’aller au delà du binaire (existe/n’existe pas) pour un continuum de situations intermédiaires, ce qui est nécessaire pour étudier la constitution de collectifs; permet de mieux cerner les dynamiques; demanderait à être mieux précisée et équipée de critères empiriques
Modèles multi-agents et simulation – Paola Tubaro
Comment la structure des réseaux sociaux affecte-t-elle le travail d’équipe sur mars? ; Manzo et al. (2018) – la diffusion inégale d’innovation techniques – appartenance religieuse ; Casilli et al 2014 anorexie en-ligne ; … beaucoup d’autres exemples
Principes de fond
- On regarde les interactions sociales ; on s’intéresse aux propriétés émergentes ( c-a-d résultant des interactions) et, éventuellement, usage de simulation informatiques en l’absence de solutions analytiques (Axelrod & Tesfatsion 2006)
- « Générer des histoires » (Tesfatsion 2006), commerncer par des postulats concernant les agents et leurs interactions; puis, simuler les comportements d’un système où ces postulats s’appliquent; observer les conséquences dynamiques de ces postulats; produire des « expériences » …
Manzo, 2014b: usages des modèles multi-agents ; voir aussi Epstein 2006
Logiciels:
- Netlogo
- RNetlogo (Thiele et al, 2014)
- GAMA = dponnées spatiales
- OpenMole pour explorer les modèles
Visualisations de réseaux par matrices d’adjacence et représentations hybrides – Jean-Daniel Fekete
Logiciel de visualisation généalogique: http://aviz.fr/~fekete
Viz: Card & Mackinlay & Shneiderman: Readings in information 1999
Où se place la viz dans la chaîne scientifique? À quel endroit la positionner dans la structure épistémo-herméneutique / cadre théorique et conceptuel… ?
- 1. Théorie/loi en haut => 2. modèle => 3. statistiques descriptives => 4. faits ou mesures
- Entre modèle et statistiques descriptives: accommodement pour contradictions; « fits » ; Induces
- La visualisation se situe au niveau des données statistiques
Prof. Fekete positionne la visualisation de données au niveau des statistiques descriptives
Visual Patterns, logiciel NodeTrix : https://github.com/IRT-SystemX/nodetrix
Réseaux dynamiques: Boyandin et al. 2012
Beaucoup d’exemples de visualisation dynamiques: Animation visuelle: Maray & Eades 2001 ; TempoViz ……………….
Visualizing Dynamic Networks with Matrix Cubes [CHI] aviz.fr/cubix
Interactive Visualizations for Dynamic and Multivariate Networks: vistorian.net
Analyse multiniveaux et réseaux – Emmanuel Lazega & Julien Brailly
Voir: Multilevel network analysis for the social sciences : theory, methods and applications / Emmanuel Lazega, Tom A.B. Snijders, editors.
Exemples:
- système socio-sémantique (« éléments de connaissance » connectés à des « inventeurs »)
- système socio-écologiques Bodin et al. 2016 Theorizing benefiits…
- Système d’action multi-niveau Lazega 2007 Revue Française de sociologie aussi, Breiger 1974
Brailly 2016: dynamic networks of trade fairs, journal of economic geography
Europe des juges Dehousse, Forum de venise 2009
Multi-niveau et gestion des communs: gestion de l’eau en commun au Sénégal: Faye & Brailly
Table ronde : Analyse complexe et réseaux : quels enjeux interdisciplinaires ?