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Archives Bibliothèques Test

Ouvert/fermé archives/bibliothèques

J’adore le mois de mai. La chaleur s’installe, j’ai la chance de souffler quelques bougies et l’université sombre tranquillement dans un sommeil cotonneux. À notre bibliothèque, c’est l’occasion d’accueillir nos nouveaux bibliothécaires-étudiants, ces jeunes professionnels encore sur les bancs des écoles de bibliothéconomie et des sciences de l’information (Montréal compte deux de ces écoles!) qui s’occupent en partie de nos services pendant la saison des vacances et des périodes creuses de l’année.

Ce matin, je viens d’avoir un de ces échanges autour de la machine à expresso (un bien commun légué par un chic collègue dans la cuisine de l’équipe) avec une de nos étudiantes. Je lui demandais comment se passait son intégration et la conversation a migré sur les choix de carrières imposés par la structure du curriculum: archives ou bibliothèques. J’ai bien sûr mon opinion sur la question, mais j’ai centré la conversation sur les distinctions institutionnelles entre ces deux entités. Elle fut surprise de ma perspective.

Les bibliothèques et les archives collectionnent des documents. Certes, voilà ce qui rassemble deux entités dans le même lot fonctionnel. Du point de vue externe de la profession, par exemple de la part des organisations gouvernementales qui proposent des services de bibliothèques/archives nationales, la tentation est forte de les combiner « parce qu’elles gèrent des documents » et c’est une base suffisante pour fusionner ces services. Qu’en est-il du point de vue interne?

Pour répondre à la question, je propose de distinguer la question selon la source des documents (institutionnelle ou sociétale) et la perspective de l’accès (ouvert par défaut et fermé par défaut). Cette distinction s’impose à celui qui étudie les questions de droit d’auteur et de la communication…

Ainsi, une bibliothèque collectionne des documents publiés sur le marché ou diffusés numériquement pour les rendre accessibles par défaut. L’archive, quant à elle, collectionne des documents institutionnels pour déterminer leur niveau d’accès, en partant de la prémisse que le document n’est pas accessible. Je n’invente rien, c’est une évidence que je ne fais qu’exprimer selon un cadre théorique particulier, celui du droit appliqué aux documents.

Le point d’encrage concerne le concept de « manuscrit » dans la loi sur le droit d’auteur. Un manuscrit est un document n’ayant pas effectué le saut dans l’arène sociale par le collimateur de la publication. Dans le monde « physique » de l’édition sur la pulpe d’arbres morts, cela implique le travail d’un éditeur peaufinant le document afin de le rendre attrayant pour un public précis. On y colle un ISBN, une notice de catalogue, l’envoie au dépôt légal, signifie son existence à la commission de droit de prêt public et on fait un lancement. Une belle routine bibliothéconomique que le milieu de l’édition a répliquée par homothétie pour le numérique…

Quant aux archives, la routine est tout autre. Les documents sont compilés, de peine et de misère, suivant un plan de classement et un calendrier de conservation mis en place par le service des archives et administré collectivement dans l’organisation. Le dépouillement des documents s’effectue selon n’approche plus systématique dépendamment du fonds dans lequel ils s’insèrent. Y sont stipulés les règles d’accès (du moins, en théorie) et il se peut qu’un document soit à tout le moins confidentiel, privé ou public.

C’est pourquoi les archivistes peuvent garder un secret, à l’opposé des bibliothécaires. C’est pourquoi que face à l’interdit d’accès le bibliothécaire crie et l’archiviste sévit. La liberté devient un objet poreux en sciences de l’information ! L’accès aussi, conséquence logique donc d’une manifestation relative de liberté, à la fois codifié dans les règles économiques de la Loi sur le droit d’auteur et dans les règles institutionnelles des législations applicables à l’accès aux documents publics.

J’ai beaucoup aimé cet essai récent de Yochai Benkler sur le libre accès dans le contexte des communs informationnels. Il a su guider ma réflexion sur la question :

Benkler, Yohai, Open Access and Information Commons, in, Oxford Handbook of Law and Economics: Private and Commercial Law, Francesco Parisi, ed. (2016).

L’accès peut être libre, donc un commun ouvert, ou non, pour les communs fermés. Ainsi, les archives et les bibliothèques retiennent ou proposent des arrangements institutionnels distincts, codifiés selon les paramètres précis des modalités d’accès aux documents sous leur égide. Ces distinctions deviennent évidentes pour celle qui étudie le droit de l’information et de la communication.

Par ailleurs, cette distinction offre une feuille de route pour comprendre les mutations imposées par le numérique… mais là, je vais devoir y revenir dans un autre billet estival…

Bibliothécaire Bibliothèques Critique Québec Revue et journaux

Lancement du no. 73 de la revue À Bâbord – mardi 27 février 18h30

Je désire vous inviter au lancement du numéro 73 de la revue À Bâbord, contenant un dossier spécial intitulé « Bibliothèques. Enjeux et mutations. » Je suis membre du comité de pilotage de ce dossier et j’y livre un article intitulé « Copibec ou la vie sauvage » sur l’action collective contre l’U. Laval.

Les détails sont ici :

https://www.ababord.org/Bibliotheques-Enjeux-et-mutations

et sur Facebook:

https://www.facebook.com/events/185901792009670/

Selon le site du lancement :

Le numéro 73 d’À Bâbord ! sera lancé le mardi 27 février, 18h30, à la bibliothèque Mont-Royal (465 Mont-Royal est, Montréal). Plusieurs collaboratrices et collaborateurs seront de la partie et des lectures publiques sont prévues. L’événement Facebook est ici. Bienvenue à toutes et à tous !

Au plaisir de vous y voir!

Bibliothécaire CultureLibre.ca Information et savoirs

Prolégomènes à un jeu sur le libre accès

Depuis que Marc Larivière, Vincent Larivière et moi avons travaillé sur une collection de Microfiches sur le Libre Accès, nous avons décidé de poursuivre la collaboration en développant un jeu vidéo récupérant le magnigique concept graphique.

Dans ce billet, j’ai recours au féminin ou au masculin un peu aléatoirement. Nous ne savons pas encore comment nous allons genrer les personnages. Étant donné que la population universitaire est plus féminine que masculine, et bien, je fais place aux dames.

L’idée consiste à offrir une oeuvre numérique que les bibliothèques universitaires et de Cégep (collège pré-universitaire au Québec) peuvent diffuser sur les écrans tactiles déployés en leurs lieux. Nous désirons bâtir un jeux plurilingue (français, anglais, allemand… et plus!) qui traite d’une manière ludique d’un sujet complexe mais très important pour l’avenir de la science.

D’ailleurs, nous sommes à la recherche de financement et sommes à établir des solutions de visibilité à des organimes sympatisants à notre travail. Je suis chercheur et fonctionnaire, mon salaire est assuré par la bienveillante Université Concordia. Par contre, mon associé, Marc Larivière, jeune papa de son état, ne bénéficie pas d’un tel support…

Après plusieurs réunions très stimulantes, Marc et moi avons développé un concept de jeu. Une partie devrait durer 10 à 15 minutes, l’idée est qu’une utilisatrice passant dans une bibliothèque interagit avec un écran tactile pour se changer les idées…

Le personnage principal du jeu, l’avatar de la joueuse, est une doctorante ayant complété son examen de synthèse.

Le jeu se déroule en trois phases.

La première phase du jeu consiste en « l’écriture » et devrait durer de 2 à 4 minutes. Nous anticipons une style de jeu comme « Tetris » (jeu compulsif) où la joueuse est appelée à augmenter son « nombre de mots (l’infâme word count qui hante tous les thésards). Étant donné la charte graphique des microfiches, nous jouons sur l’analogie de la molécule pour représenter l’action d’écrire ou pour l’accumulation de données dans le cadre de ses recherches (donc, fonctionnellement, de créer du savoir nouveau par l’analogie d’une nouvelle molécule).

Une fois assez de mots/données (ou molécules) accumulés, la thésarde (T) est appelée au bureau de sa directrice de recherche (DR). Débute ainsi la seconde phase, celle de la conversation. Nous ne sommes pas encore entièrement certains de comment la conversation avec la DR se déroulera, mais la tentation est forte de voir la DR imposer à T une suite pour diffuser ses recherches. Spécifiquement, la DR imposerait à T de proposer un article à une revue prestigieuse (en accès fermé) avec celle-ci (la DR) comme première auteure.

Suite à cette séquence (qui devient un peu la mission de la joueuse), la seconde phase dure de 8 à 12 minutes. T est appelée à se promener dans un labyrinthe (en réalité, les corridors universitaires) et de parler à d’autres chercheur.e.s ou épier des conversations. Elle pourra aussi effectuer des recherches sur un moteur de recherche pour découvrir des informations sur les personnes ou les objets de son environnement.

L’objectif de cette phase est d’accumuler des objets-connaissance en lien avec sa situation. Nous avons en tête le style de jeu de Zelda lorsque Link se promène dans un village – sauf en plus dynamique (certaines versions de Zelda sont assez fastidieuses dans les séquences de d’exploration de village).

Un des point de cette étape consiste en la découverte des personnages de l’université. Tous sont chercheurs, certes, mais tous n’ont pas le même statut. Les professeurs, par exemple, peuvent être adjoints (en probation qui dure 5 ans, dont timides et serviables pour les profs plus séniors), agrégés (permanents mais encore « juste » des profs) et titulaires (reconnus comme experts par leurs pairs). Nous ne croyons pas avoir recours aux profs émérites (à la retraite). Il y a aussi les post-doctorants (un contrat de 1 à 3 ans où un chercheur est appelé à bâtir son programme de recherche et de développer ses talents d’enseignement en vue de l’obtention d’un poste de prof régulier). Les post-docs jouissent d’une autonomie relative assujettie à une grande précarité. Viennent ensuite les bibliothécaires (comme moi) et les agents de recherche (on risque de les couper ceux-là, ça fait beaucoup de personnages). Outre ces rôles liés à la structure départementale (bureaucratique) universitaire, il y a des rôles fonctionnels liés à la discipline (ou champ de la connaissance). Ainsi, tous les chercheurs peuvent être membre du comité scientiique d’une revue dans un domaine/discipline donné (mais ce rôle est plus probable aux profs ayant un statut plus ancien). Il faudra réfléchir à la distinction/dynamique entre le statut départemental (bureaucratique) et le statut dans une discipline donnée…

Les personnages ont donc un statut à l’université en fonction de leur poste. Nous allons jouer sur les stéréotypes de genre de d’âge pour brouiller les cartes (tiens, est-ce que cet homme d’âge mûr au teint de peau blanc est réellement un prof titulaire ou un bibliothécaire?) et ajouter un élément d’incertitude. C’est que, dans la phase conversation, la joueuse obtiendra des informations contradictoires grâce à ces interactions avec les autres personnages. Par exemple, certainnes pourrait lui dire de ne pas publier dans cette revue… ou de se méfier d’un tel… ou qu’il est plus aviser de proposer une communication à un congrès avant de publier… ou de ne pas mettre le nom du DR sur son article… qui croire? quoi faire?

Quant à la discipline (ou domaine ou champ de la connaissance), c’est plus délicat. Souvent, les chercheurs effectuent leurs travaux au sein de sociétés savantes et nourissent leur discipline de leurs travaux. Il y a plusieurs rôles ou fonctions au sein de sociétés savantes mais le plus important est celui où un chercheur est appelé à évaluer le travail des autres : évaluateur d’un comité scientidique d’une revue; évaluateur des communications à un congrés, etc. On va s’amuser à développer une fausse discipline !

Une autre option à la phase « conversation » consiste à chercher via des outils numériques des informations à propos autres personnages (une telle est sur le comité scientifique de cette revue) ou des objets (quelle est la politique en accès libre de cette revue). Nous pensons à établir de fausses revues et à créer des notices SHERPA/RoMÉO. Nous pensons à créer un faur réseau social pour lister les personnages du jeu.

Finalement, nous arrivons à la troisième et dernière phase, celle de la publication. La joueuse doit effectuer un choix pour la diffusion de sa molécure-texte: quelle avenue choisir; qui lister comme auteur; quoi faire avec la version pré ou post éditée… Il s’agit du moment où la décision est prise et où la partie se termine. Ou pas…

En réalité, il y a une logique de rétroaction basée sur les données générées par une partie du jeu. Nous pensons identifier certaines mesures intrinsèques à la partie et à la joueuse. Par exemple, il sera possible d’accumuler des « mots » (molécule), de l’argent (revenu de contrats de recherche), de l’impact social et des « points citations académique » (réputation, impact académique qui se distingue de l’impact social). Tous les personnages vont avoir un discours (ou message) en lien avec ces mesures. Par exemple, la bibliothécaire portera le message de publier en libre accès, ce qui aura un impact positif sur l’impact social mais pas nécessairement sur les autres éléments de mesure. Les valeurs par défaut de toutes les mesures seront établies lors de la conversation entre T et sa DR.

Une autre idée consiste à proposer à la joueuse d’effectuer une seconde partie. Par exemple, sont texte envoyé à une revue prestigieuse est rejeté et celle-ci doit entamer une nouvelle phase d’écriture (phase 1). La rencontre avec sa DR sera modulée en fonction de son/ses choix précédent(s).

Il serait aussi possible d’accumuler des statistiques (par exemple, via le standard de données COUNTER lié à l’utilisation de ressource électroniques en bibliothèques) sur toutes les parties pour comparer les choix entre les joueuses et, éventuellement, même comparer les institutions! Mais là, ça va nous prendre tout un budget….

In fine, je vous propose nos brouillons établis lors de la réunion hebdomadaire de la semaine dernière:

1. Séquence de jeu:

Sur cette première page (ici-bas), nous identifions les trois grandes phases du jeu et certains personnages. En jaune, à l’instar de la collection de microfiches sur le libre accès, se trouve l’avatar de la joueuse: la thésarde et personnage principal. En noir, divers personnages secondaires (du jeu), des profs titulaires (PT), profs adjoints (PA), des éditeurs de revues (Éd.) et d’autres doctorants (PD).

2. Personnages:

Dans la seconde image (ici-bas), nous explorons la typologie des personnages. Par ailleurs, j’ai tenté de représenter la distinction entre un département universitaire et un champ disciplinaire. Un des rôles de l’université consiste à structurer le travail des chercheurs en départements qui jouent un rôle fonctionnel très typé et lié à la bureaucratie universitaire, tout en permettant assez de latitude pour le développement de disciplines de la pensée (des profs de sociologie ou de cinéma peuvent effectuer de la recherche en ludologie par exemple). Finalement, Constatez vers le bas un plan cartésien à un quadrant, où j’explique le nombre total de doctorants qui « survivent » à un programme à travers le temps. Plusieurs débutent leur programme mais peu se rendent à la soutenance. Je situe le personnage principal du jeu entre l’examen de synthèse (là où le projet de thèse est accepté après la scholarité doctorale) et la soutenance (la fin réelle du programme de doctorat, où le comité de recherche, dont la directrice de recherche est membre, évalue le travail accompli avant que la thèse ne soit acceptée puis diffusée par l’université).

3. Messages des personnages et impacts sur les éléments métriques du jeu, liés à la phase « publication » (troisième) du jeu:

Cette troisième image présente les messages potentiels des personnages du jeu et leur impact (positif, négatif ou neutre) sur les éléments du jeu. Je liste les « objets » du jeu, il y aura probablement uniquement les « avenues de diffusion » pour simplifier les interactions…

Il faut maintenant mieux travailler ce tableau…

Appel de communication

Appel à communications – les écoles de pensées du droit – 11 au 13 octobre 2018 – Université Laval (Québec)

Le XVe Congrès international de l’ Association internat ionale de méthodologie juridique se déroulera du 11 au 13 octobre 2018 à Université Laval (Québec) sous le thème suivant:

LES ÉCOLES DE PENSÉE EN DROIT

Voici le texte de l’appel à communications : Écoles de pensée en droit – appel à communications – Legal Schools of Thought – call for presentations 2018

L’Association internationale de méthodologie juridique, les Journées d’étude sur la méthodologie et l’épistémologie juridiques et la Chaire de rédaction juridique Louis-PhilippePigeon lancent un appel à communications pour un congrès sur le thème des écoles de pensée en droit qui aura lieu du 11 au 13 octobre 2018 à la Faculté de droit de l’Université Laval à Québec (Canada).

PRÉSENTATION

La désignation « d’école » en droit permet de désigner – parfois a posteriori – des idées, des approches ou des méthodologies qui ont servi de point de repères à des regroupements de chercheurs-juristes. Que ce soit l’École de l’exégèse, l’École de Bruxelles, l’École de Vienne, l’École du réalisme, ou encore l’École de la Sociological jurisprudence, la discipline juridique a en effet connu plusieurs écoles de pensée qui ont jalonné son histoire et, à des degrés divers, influencé son évolution. Certaines de ces écoles sont associées à une branche du droit ou un système juridique en particulier alors que d’autres transcendent ces frontières. Compte tenu de leur diversité et de leur importance, le XVe congrès international de l’Association internationale de méthodologie juridique a pris pour objet d’étude les « écoles de pensée » en droit en vue d’en approfondir la compréhension et d’en dégager les multiples facettes qui, directement ou indirectement, se rapportent à la méthodologie juridique.

Sans prétention à l’exhaustivité, plusieurs axes de réflexion et de recherche seront ainsi privilégiés :

L’influence des écoles sur la pensée juridique. Comment les écoles de pensée participent-elles à la structuration de la pensée juridique? Quels impacts peuvent avoir les écoles sur la conception du droit au sein d’une communauté ou sur l’évolution des systèmes juridiques nationaux? Quel rôle jouent-elles dans la formation des juristes? Les lieux de formation des juristes étant leur creuset naturel, il est pertinent de s’interroger sur la capacité des écoles d’orienter la mise en œuvre ou la conception du droit à l’intérieur de leur milieu.

La désignation « d’école » et son caractère performatif. Qu’est-ce qu’une école de pensée en droit? La catégorie « école de pensée » s’appuie-t-elle sur de véritables critères? Provient-elle de ses membres ou est-elle une construction a posteriori qui sert à regrouper des convictions communes à un groupe de chercheurs? Quel impact l’appellation « d’école » peut-elle avoir sur la notoriété ou la diffusion des idées qu’elle sous-tend? Cette désignation participe-t-elle d’une stratégie de positionnement ou de rayonnement d’une manière de penser, d’enseigner ou de mettre en œuvre le droit? Les concepts et méthodes issus d’autres disciplines sont-ils davantage susceptibles d’être importés en droit lorsqu’ils sont associés à une école de pensée? Certaines écoles connaissent un rayonnement limité tandis que d’autres ont pu étendre leur portée à l’extérieur des frontières nationales; comment expliquer ces succès ou ces limites?

La dimension sociologique des écoles de pensées. Une autre voie de réflexion s’oriente vers l’action politique de certaines écoles de pensée en droit. Quels sont les projets portés par les différentes écoles juridiques? Les écoles sontelles fondées sur des individualités ou sont-elles le produit d’une action collective? Quelles sont les conditions favorables à la naissance d’une école de pensée?

Les écoles de pensée dans le temps et dans l’espace. Envisagée dans une perspective comparative, l’étude des écoles de pensée permettra d’en apprécier la diversité, et peut-être aussi d’en situer des traits communs. Peut-on établir des liens de parenté entre les écoles? Certaines écoles sont-elles jumelles, ou aux antipodes? Observe-t-on des fusions ou des scissions d’écoles?

DIRECTIVES POUR LES PROPOSITIONS DE COMMUNICATION

Les intervenants qui désirent participer au congrès doivent présenter leur proposition au plus tard le 15 mars 2018. Celle-ci doit comporter un titre bilingue, suivi d’un court résumé (entre 100 et 150 mots) rédigé en anglais ou en français et elle doit spécifier le nom et l’affiliation institutionnelle de son auteur.

Les propositions doivent être envoyées à l’adresse suivante : aimj-ialm2018 (arobase) usherbrooke.ca

Étant donné que les actes du congrès feront l’objet d’une publication, les intervenants au colloque seront éventuellement invités à déposer une version écrite de leur communication. Bien que les propositions de communication ne doivent pas nécessairement s’inscrire dans les différents axes décrits plus haut, les organisateurs du congrès se réservent le droit de privilégier les propositions qui s’y rapportent. Si les ressources le permettent, un appui financier pourrait être attribué aux chercheurs désirant participer au congrès.

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Georges Azzaria, directeur, École d’art Mathieu Devinat, professeur titulaire et président de l’AIMJ/IALM Mélanie Samson, professeure agrégée et titulaire associée de la Chaire de rédaction juridique Louis-Philippe-Pigeon

Bibliothèques Chine Loi ou règlement

La Chine se dote d’une loi pour des bibliothèques publiques gratuites

Selon le site officiel du gouvernement chinois, le premier janvier marque l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi créant l’obligation pour les gouvernements de proximité de proposer des bibliothèques publiques gratuites. Sommairement, la priorité devrait être donné aux ainés et aux jeunes, dans des espaces ouverts au public sans frais, une collection et des services d’aide au lecteur.

J’ai converti les pages annoncant ces information en PDF afin de les archiver, voici mes sources:

Supreme People’s Court of the People’s Republic of China, « First law on public libraries enacted » Site visité le 2018-01-09; Archivé ici: 2018-01-09_LoiBiblioChineGraph

Supreme People’s Court of the People’s Republic of China, « Highlights of public library law » Site visité le 2018-01-09; Archivé ici: 2018-01-09_LoiBiblioChineComm

Outre ces deux sources, il est difficile de trouver des informations sur cette loi en anglais ou en français dans Internet.

Au Québec, la situation est bien différente. Dans un élan de réforme visant la simplification de la loi constituant les cités et villes, que j’ai sévèrement critiqué, le législateur offre le choix aux municipalités d’offrir des services culturels et sportifs, ou non. Il s’agit d’un vent de réforme en vafeur du droit souple, où les normes techniques et la co-régulation remplacent les obligations légales.

 

Livre et édition Revue et journaux

À lire: le dossier « Ontologie du Web » sur la revue web Sens Public

La nouvelle livraison de la revue web Sens Public propose un dossier thématique intitulé Ontologie du numérique sous la direction de Servanne Monjour, Matteo Treleani et Marcello Vitali Rosati. Ils proposent ce qui suit comme résumé du numéro :

Ce dossier se conçoit comme un champ d’exploration des problématiques ontologiques du numérique, dans une perspective résolument interdisciplinaire, accueillant tout autant la philosophie, l’esthétique, les études littéraires, la sémiologie, la sociologie ou les sciences de l’information et de la communication. Des arts numériques à la littérature hypermédiatique, en passant par les webdocumentaires et les jeux vidéo, de nombreux domaines permettent en effet d’étudier ces dichotomies apparemment périlleuses entre représentation et réalité, réel et imaginaire, fiction et documentaire…

http://sens-public.org/article1282.html

LLD

Quelques mots sur la théorie cybernétique

J’avais souvenir d’avoir résumé la théorie cybernétique dans un contexte juridique mais je ne me souvenais pas dans quel endroit. Non, ce n’est pas sur ce blogue (ou mes autres blogues). Non, ce n’est pas dans un courriel sur une liste de diffusion ou à un.e collègue. Non plus dans une conférence… mais où? Après un gros 5 minutes de recherches frénétiques (c’est long chercher quelque chose 5 minutes pour un bibliothécaire), c’est l’épiphanie: Ah oui, dans ma thèse!! (D’ailleurs, je viens de vérifier, elle n’est pas encore diffusée sur le site de Papyrus de l’Université de Montréal…)

 

Voici un copier-coller éhonté de cette section de thèse (titre numéro 2.1.2.2) sur la théorie cybernétique. Je la présente dans la partie 2 de ma thèse, qui traite des théories de la sociologie du droit. Alors, lorsque je parle de la théorie cybernétique ou des théories de Shannon-Weiner se l’information ou de la cybernétique, voici ce que je veux dire :

2.1.2.2  Entropie, information, rétroaction

Il serait impossible de passer sous silence les recherches de Norbert Weiner et surtout sa théorie cybernétique dans une section traitant des systèmes sociaux. En effet, nous proposons ici un sommaire des postulats de cette théorie puis nous identifierons certains intellectuels qui s’en sont inspirés. Comme nous le verrons dans quelques instants, Luhmann fut l’un deux – d’où l’intérêt de ce survol conceptuel, afin de mettre en relief les origines intellectuelles du systémisme luhmannien.

Les penseurs cybernéticiens ont suivi une trajectoire asymptotique influencée par la complexification sociale suite à la Seconde Guerre mondiale. Comme le note Wiener lui-même :

« The notion of the amount of information attaches itself very naturally to a classical notion in statistical mechanics : that of enthropy. Just as the amount of information in a system is a measure of its degree of organisation, so the enthropy of a system is a measure of its degree of disorganisation; and the one is simply the negative of the other. This point of view leads us to a number of considerations concerning the second law of thermodynamics […] We have decided to call the entire field of control and communication theory, whether in the machine or in the animal, by the name Cybernetics » [1]

En parallèle aux travaux de Wiener, il est important de souligner l’apport de Claude Shannon[2]. En effet, ces deux chercheurs ont tous deux travaillé au sein de groupes indépendants où le secret était de mise durant la Deuxième Guerre mondiale : Shannon au décodage de communications de l’ennemi et Weinerà l’optimisation de la balistique. Justement, Gleick[3] précise que Shannon expose l’information comme étant un choix effectué parmi l’ensemble de tous les messages possibles, messages dont le sens n’est pas important. Ce qui compte, c’est la probabilité qu’un message soit choisi parmi l’ensemble de tous les messages possibles. Plus il y a de choix (donc d’incertitudes dans la sélection d’un message précis), plus il y a d’informations et plus il y a entropie. En ce qui concerne l’entropie, Weiner précise que :

 « we are immersed in a life in which the world as a whole obeys the second law of thermodynamics : confusion increases and order decreases.  » [4]

Même si ces chercheurs ont travaillé indépendamment, l’expression «théorie Shannon-Wiever de l’information»[5] se retrouve dans de nombreux textes.

En plus des notions d’entropie et d’information, Wiener précise que la rétroaction constitue la différence entre ce qui est voulu et ce qui est obtenu[6] ou « the property of being able to adjust future conduct by past performance. »[7] Par ailleurs, Wiener tire son inspiration des travaux de Leibniz, qu’il qualifie de « saint patron » de la cybernétique[8].

Céline Lafontaine offre une exploration en profondeur de l’impact de Weiner et de la théorie cybernétique sur divers penseurs des sciences humaines. En effet, cette professeure en sociologie a déposé une thèse doctorale[9] sur le sujet, ainsi qu’un livre[10]. Lafontaine précise que la cybernétique de Wiener se présente :

« comme une science dédiée à la recherche des lois générales de la communication et à leurs applications techniques, la cybernétique a donné lieu à un nombre incalculable de définitions, tantôt axées sur des concepts théoriques, tantôt tournées vers son pragmatisme technologique. L’absence de consensus se dégageant des Congrès internationaux de Namur s’explique, en partie, par le foisonnement des approches épistémologiques et des tendances idéologiques qui s’y ont côtoyées. La force d’attraction conceptuelle exercée par la nouvelle science était alors telle qu’elle a pu dépasser les plus rigides antagonismes politiques. Au paroxysme de la Guerre froide, des scientifiques des deux côtés du Rideau de fer ont partagé l’enthousiasme suscité par ses découvertes. Situation plus ou moins paradoxale lorsqu’on se souvient du contexte militaire au sein duquel est née la cybernétique. Il faut croire que le projet de fabriquer des machines intelligentes et d’organiser la société en fonction des principes de base de l’automation transcendait les clivages idéologiques… »[11]

Lafontaine[12] ajoute que l’entropie se situe au cœur de l’édifice théorique de la cybernétique et en constitue ni plus ni moins qu’une vérité métaphysique. Elle utilise cette citation de Philippe Breton pour l’expliquer :

« Tout système isolé tend vers un état de désordre maximal, ou vers la plus grande homogénéité possible, par le ralentissement puis l’arrêt des échanges en son sein. » [13]

Lafontaine poursuit en indiquant que :

« L’information est un principe physique quantifiable dont on peut mesurer l’efficacité dans un système donné. Le langage binaire permet, sur une base probabiliste, de réduire l’incertitude liée à la transmission d’un message. La nature de ce dernier n’a strictement pas d’importance. […] Reliée au second principe de la thermodynamique, l’information est un facteur d’ordre permettant le contrôle par quantification. On retrouve là les postulats de base de l’informtique. » [14]

Étroitement lié au concept d’information, la rétroaction :

« désigne le processus par lequel celle-ci est assimilée et utilisée afn d’orienter et contrôler l’action. Même si le principe de rétroaction n’est pas une découverte en soi – les Grecs le connaissaient –, Wiener va lui accorder une valeur toute particulière. […] La faculté d’orienter et de réguler ses actions d’après les buts visés et les informations reçues correspond en fait à la définition cybernétique de l’intelligence. C’est elle qui permet le rapprochement entre l’être et la machine. Possédant potentiellement les mêmes capacités d’apprentissage, les machines intelligentes participent au maintient de l’ordre social en assurant son autorégulation rétroactive. » [15]

Puis,

« Devenue un immense système de communication, [la société] n’existe qu’à travers les échanges informationnels entre ses membres. Constamment interrelié à son environnement social, le sujet est, dans cette logique, entièrement tourné vers l’extérieur. […] Discriminant majeur, le principe de rétroaction autorise Wiener à classer les machines intelligentes aux côtés de l’humain au sommet de la hyérarchie cybernétique. Cette valeur octroyée aux « machines intelligentes » prend tout son sens lorsqu’on la resitue dans le cadre du triomphalisme technoscientifique de l’après-guerre.  » [16]

Lafontaine poursuit son exploration du cybernétisme en répertoriant les intellectuels de renom qui ont directement participé aux travaux de Weiner. Un de ceux-ci est Bateson qui puise dans la rétroaction pour élaborer sa théorie de la métacommunication[17], qui mènera à l’école de Palo Alto. Lafontaine démontre comment ces chercheurs ont introduit les théories cybernétiques dans le programme général de santé mentale[18]. Lafontaine précise que la cybernétique a rapidement influencé des intellectuels d’outre-Atlantique :

« C’est par l’entremise du structuralisme qu’elle s’enracinera de manière durable dans la pensée européenne. Encore trop ignorée, cette influance du modèle informationnel sur la pensée française explique en partie la très grande popularité aux États-Unis des Lévi-Strauss, Lacan, Foucault, Deleuze et Derrida. » [19]

Depuis le structuralisme d’après guerre, Lafontaine note l’influence du systémisme sur les intellectuels des années 1970: « Ceci transparait clairement dans l’appellation « seconde cybernétique » par laquelle on désigne souvent les théories de l’auto-organisation.  »[20] Ainsi, Bertalanffy[21], Laszlo[22], Hayek[23], Parsons[24], pour ne citer qu’eux, récupèrent les principes cybernétiques au sien de leurs postulats. Après Parsons, Lafontaine note que Luhmanna été « le chef de file d’une sociologie proprement systémique »[25] et que le systémisme « reprend en les radicalisant les présupposés de la théorie des systèmes autopoïétiques. »[26]

La théorie cybernétique de Wiener représente donc une base conceptuelle sur laquelle repose les efforts de plusieurs chercheurs, dont Luhmann. En effet, les trois éléments cybernétiques, l’entropie, l’information et la rétroaction, enrichissent la théorie générale des systèmes sociaux de Luhmann en proposant une codification plus nuancée de la communication. La théorie cybernétique illustre clairement comment certaines communications dans un système social peuvent mener à l’émergence dans un système social.

[1] Norbert Wiener, Cybernetics; or, Control and communication in the animal and the machine, 2d ed. –, New York :, M.I.T. Press, 1961 , p. 11

[2] C.E. Shannon et W. Weaver, préc., note 120

[3] James Gleick, The information : a history, a theory, a flood, 1st, New York, Pantheon Books, 2011 , p. 219

[4] Norbert Wiener, The human use of human beings : cybernetics and society, London :, Free Association, 1989 , p. 36

[5] Céline Lafontaine, L’empire cybernétique : des machines à penser à la pensée machine : essai, Paris, Paris : Seuil, 2004 , p.36

[6] N. Wiener, préc., note 353, p. 6 « [feedback] It is enough to say here that when we desire a motion to follow a given pattern the difference between this pattern and the actually preformed motion is used as a new input to cause the part regulated to move in such a way as to bring its motion closer to that given pattern. »

[7] N. Wiener, préc., note 353, p. 33

[8] N. Wiener, préc., note 353, p. 12 « If I were to choose a patron saint for cybernetics out of the history of science, I should have to choose Leibniz. The philosophy of Leibniz centers about two closely related concepts – that of a universal symbolism and that of a calculus of reasonning. From these are descended the mathematical notation and symbolic logic of the present day. Now, just as the calculus of arithmetic lends itself to a mechanization processing through the abacus and the desk computing machine to the ultra-rapid computing machines of the present day, so the calculus ratiocinator of Leibniz contains the germs of the machina ratiocinatrix, the reasoning machine. Indeed, Leibniz himself, like his predecessor Pascal, was interested in the construction of computing machines in the mental. It is therefore not in the least surprising that the same intellectual impulse which has led to the development of mathematical logic has at the same time led to the ideal or actual mechanization of processes of thought. »

[9] Céline Lafontaine, Cybernétique et sciences humaines : aux origines d’une représentation informationnelle du sujet, Université de Montréal, 2001

[10] C. Lafontaine, préc., note 357

[11] Id. , p. 26-7

[12] Id. , p. 41

[13] Philippe Breton, L’Utopie de la communication, Paris, La Découverte, 1995 , p. 32

[14] C. Lafontaine, préc., note 357, p. 45

[15] Id.  289, p. 46

[16] Id. , p. 47-8

[17] Id. , p. 78-80

[18] Id. , p. 86

[19] Id.

[20] Id. , p. 118-9

[21] Id. , p. 119-120

[22] Id. , p. 120-123

[23] Id. , p. 136-7 «  Brièvement, la théorie de Hayek peut se résumer à l’idée que la très grande complexité engendrée par la division du travail et des connaissances annule toute possibilité d’avoir une vision unifiée de la société et donc, par le fait même, de prétendre pouvoir l’orienter politiquement. D’autant plus que, pour Hayek, « l’esprit » n’est qu’une « adaptation à l’environnement naturel et social » qui ne peut, en aucun cas, transcender ses propres conditions de possibilité. » [citation de Hayek, Droit, législation et liberté, t. 1, Paris, PUF, 1980, p. 48]

[24] Id. , p. 132 « L’expression « structuro-fonctionnalisme » par laquelle on désigne généralement son approche ne doit pas masquer la primauté du système dans son modèle de l’action sociale. Le système d’action implique, chez lui, une structure organisationnelle qui permet l’actualisation des fonctions par lesquelles il se maintient et se et se reproduit. Les quatre principales fonctions qu’il identifie (adaptation, poursuite des buts, intégration, latence) confirment à elles seules l’importance qu’il accorde à la notion d’équilibre. À ces quatre fonctions correspondent quatre sous-systèmes (culturel, social, psychique, biologique). Dans l’optique cybernétique, Parsons considère que « le système d’action, comme tout système actif, qu’il soit vivant ou non, est le lieu d’une incessante circulation d’énergies et d’informations. » [citation de Guy Rocher, Talcott Parsons et la sociologie américaine, Paris PUF, p. 74] L’apport de chaque sous-système varie en termes d’énergie et  d’information d’après un principe hiérarchique de contrôle et de régulation. Ce dernier implique une échelle de contrôle allant du système culturel au système social, en passant par le psychisme, pour finalement inclure le système biologique, plus riche en énergie qu’en informations. »

[25] Id. , p. 134

[26] Id. , p. 135